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Le gouvernement écarte tout «coup de pouce» au Smic

Edouard Philippe a écarte toute revalorisation supplémentaire du SMIC. [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP]

Pressé par les syndicats d'augmenter le Smic, notamment pour répondre à la grogne des «gilets jaunes» sur le pouvoir d'achat, Edouard Philippe a écarté mercredi l'idée d'un éventuel «coup de pouce», se contentant de la revalorisation automatique pour la septième année consécutive.

«Notre politique, c'est pas de faire du coup de pouce au Smic notre politique c'est de faire en sorte que le travail paye», a tranché le Premier ministre mercredi sur RMC/BFM TV, au lendemain d'annonces faites par Emmanuel Macron sur la transition écologique visant à répondre aux «gilets jaunes», mais qui ont été très fraîchement accueillies par les syndicats.

«Il y aura une revalorisation et la revalorisation légale, absolument, il n'y aura pas de coup de pouce supplémentaire», a insisté le chef du gouvernement, tout en rappelant la baisse des cotisations intervenues cette année.

Chaque année, à partir du 1er janvier, le salaire minimum de croissance (Smic) bénéficie d'une hausse mécanique, calculée selon deux critères: l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE).

Le SMIC avait été revalorisé de 1,24% l'an dernier

Au 1er janvier dernier, il avait été revalorisé de 1,24%, à 9,88 euros bruts l'heure (soit 7,82 euros en net après déduction des cotisations salariales). Le salaire minimum mensuel brut est de 1.498,47 euros (1.184,93 euros net).

A noter que le faible niveau des précédents «coups de pouce» avait suscité l'ire des syndicats à l'époque, tout en rassurant le patronat: la dernière hausse exceptionnelle, en 2012, au tout début du quinquennat Hollande, était de 0,6%, visant à «rattraper ce qui n'a pas été accordé» aux smicards durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. La précédente datait de 2006 et avait été de 0,3%.

Les annonces de revalorisation interviennent traditionnellement à la mi-décembre. L'annonce du Premier ministre intervient avant même que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ne reçoive jeudi le rapport du groupe d'«experts» sur le Smic, une instance consultative composée d'économistes, qui chaque année depuis 2008, se prononce systématiquement contre un «coup de pouce».

L'an dernier, ce groupe avait recommandé de s'en «abstenir» pour ne «pas fragiliser les améliorations en cours» de l'économie française. Il avait aussi suscité un tollé syndical en suggérant de revenir sur le principe de revalorisation automatique, une idée qui a été rapidement écartée par le gouvernement.

«Booster le pouvoir d'achat»

La CGT et Force ouvrière ont renouvelé mercredi leur demande traditionnelle, portée depuis quelques années, d'augmenter sensiblement le salaire minimal.

La première réclame une hausse à 1.800 euros brut, la seconde souhaitant le porter à «80% du salaire médian», soit une augmentation de 200 euros.

«Le gouvernement serait bien inspiré d'augmenter le Smic un peu plus que l'augmentation obligatoire», a déclaré sur France Inter Yves Veyrier, le numéro un de FO, juste avant l'annonce de Matignon. «L'année dernière, il a été augmenté de 1,2%, les prix ont augmenté de 1,9%, il va forcément augmenter un peu plus cette année du fait de l'inflation, mais il y a besoin de booster le pouvoir d'achat», a-t-il insisté.

De son côté, Philippe Martinez, son homologue de la CGT, considérant qu'un Smic à 1.800 euros permettrait de répondre «en partie» à l'urgence sociale des «gilets jaunes», s'est agacé de la fin de non-recevoir de Matignon. «Il faut beaucoup de monde dans la rue samedi pour exiger plus fort et plus nombreux une augmentation du Smic», a-t-il réagi, en référence à un appel à mobilisation de sa confédération.

Les syndicats sont traditionnellement tous sur la même ligne pour réclamer un «coup de pouce» chaque année. Mais ce geste, en tout état de cause, «ne suffirait pas», souligne Inès Minin, membre de la direction de la CFDT, qui met en avant les «dépenses incontournables, qui pèsent sur le budget des ménages, comme le logement, le transport et l'alimentation».

«Il faut accroître le pouvoir d'achat des ménages, à travers l'augmentation des rémunérations. Il y a donc une part d'entreprise dans le rôle de partage des fruits de la croissance», explique-t-elle. 

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