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L'incontrôlable crise ?

Emmanuel Macron a convoqué dimanche une réunion d’urgence à l’Elysée.[Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP]

Alors que les gilets jaunes poursuivent leur mouvement, la situation dégénère et l’Etat peine à trouver une issue.

Des colonnes de fumée sur les Champs-Elysées, des vitrines pulvérisées, des pavés jetés... Les scènes de violence survenues à Paris, samedi, ont choqué le pays et fait franchir un nouveau palier à la crise des gilets jaunes, quinze jours après la première mobilisation. Or, à mesure qu’elle s’envenime, la situation inquiète aussi bien les manifestants pacifiques, qui condamnent en bloc les heurts et craignent que leurs revendications en pâtissent, que les autorités.

Preuve en est, Emmanuel Macron a convoqué dimanche une réunion d’urgence à l’Elysée. L’objectif : trouver la parade à un mouvement qui, initialement organisé contre la flambée des prix du carburant et le déclin du pouvoir d’achat, semble avoir échappé à tout contrôle.

Une situation qui s’embrase

Illustration de cette spirale, le bilan des arrestations (412 individus) et des blessés (263) n’a jamais été aussi lourd que samedi, malgré un nombre de manifestants comparable aux précédentes mobilisations. Un homme blessé à Paris se trouvait dimanche soir en urgence absolue, tandis qu’un autre est mort près d’un blocage, dans les Bouches-du-Rhône.

De plus, si des incidents ont éclaté à Bordeaux, Strasbourg, ou encore Narbonne, où un péage d’autoroute a été détruit, c’est dans les quartiers huppés de la capitale que les affrontements entre la police et les casseurs ont été les plus intenses, et les dégâts les plus importants. D’autant que, cette fois, les auteurs, qui visent traditionnellement des emblèmes du capitalisme (grands magasins, banques...), se sont aussi attaqués à des symboles nationaux, tels l’Arc de Triomphe ou le Jardin des Tuileries.

«C’est juste immonde, ce qui s’est passé», a dénoncé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, venu dimanche à la rencontre des Parisiens, tandis que le ministre de l’Intérieur a même mentionné la possibilité d’instaurer l’état d’urgence.

«Dans ce type de mobilisation, sans encadrement syndical, ni service d’ordre, la violence est comme livrée à elle-même», note Stéphane Sirot, spécialiste des mouvements sociaux. L’inquiétude est d’autant plus grande, désormais, que toute action des gilets jaunes semble pouvoir déraper, malgré leur bonne volonté.

Or, certains appellent sur les réseaux sociaux à passer à l’«acte 4», en manifestant à Paris samedi prochain. Hier, sur une page Facebook, pas moins de 16 000 personnes prévoyaient déjà de se retrouver «tous à l’Elysée» pour «aller chercher» son locataire, et 95 000 se disaient intéressées.

L’exécutif cherche la solution

Après l’annonce de mesures compensatoires qui n’ont pas convaincu, et les tentatives ratées de dialogue avec des gilets jaunes, l’Etat peine donc à trouver la réponse. D’autant plus que 84 % des Français soutiennent toujours le mouvement, selon un récent sondage Odoxa.

«Le gouvernement est dans une impasse, car il ne peut ni reculer face aux revendications, ni laisser courir le risque de violences. Le compromis apparaît donc de plus en plus difficile», selon Stéphane Sirot.

Le dialogue pourrait toutefois reprendre : le chef de l’Etat a demandé à Edouard Philippe de recevoir, dès lundi, des représentants des gilets jaunes, qui réclament des gestes forts. Reste à savoir ce qu’il en ressortira, alors que l’exécutif a jusqu’ici toujours exclu de changer de «cap».

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