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Chérif Chekatt abattu, Strasbourg retrouve une «vie normale»

Des policiers sur les lieux où Chérif Chekatt a été abattu à Strasbourg, le 13 décembre 2018 [SEBASTIEN BOZON / AFP] Des policiers sur les lieux où Chérif Chekatt a été abattu à Strasbourg, le 13 décembre 2018 [SEBASTIEN BOZON / AFP]

Après une angoissante chasse à l'homme, Strasbourg renoue vendredi avec une «vie normale», avec la réouverture de son marché de Noël endeuillé par l'équipée meurtrière de Chérif Chekatt, tué jeudi soir par la police.

Fermé depuis l'attentat qui a fait trois morts et 13 blessés mardi soir, ce marché emblématique de la capitale alsacienne a réouvert ses portes à 11 heures. 

La mort de Chérif Chekatt libère d'une «épée de Damoclès» les Strasbourgeois et les nombreux touristes qui déambulent habituellement parmi les 300 chalets du marché, observait Roland Ries. Selon le maire, cela «facilitera le retour à une vie normale». Vers 07H30, alors que travailleurs et élèves circulaient normalement dans les rues, où étaient encore visibles des policiers lourdement armés, les cabanons du marché de Noël étaient encore clos, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Sur la place Kléber, symbolique avec son immense sapin de Noël de nouveau illuminé, le marché hebdomadaire, annulé mercredi, se mettait en place autour de la statue centrale, qui recueille à son pied depuis le lendemain de l'attentat bougies, fleurs et mots d'hommage aux victimes.

Vers 21H30, Richard Schmitt a appris qu'il pourrait ouvrir son étal de produits italiens. «Il fallait que la vie continue», glisse son épouse. Des sacs accrochés à son vélo, Cécile, 44 ans, se dit «contente que la vie reprenne, que le sapin soit illuminé. Cette traque était pesante». «Évidemment, c'est émouvant. D'habitude, il n'y a pas les lumières des bougies en hommage aux victimes», souligne-t-elle.

Parmi les blessés, trois personnes sont toujours entre la vie et la mort, et trois sont sorties de l'hôpital, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

L’ombre de daesh 

Chérif Chekatt a été tué jeudi soir par des policiers au pied d'un immeuble du quartier du Neudorf, au sud du centre-ville, là même où sa trace s'était perdue après l'attentat.

«À 21H00, un équipage de la brigade spécialisée de terrain, composé de trois fonctionnaires de la police nationale, a aperçu un individu qui déambulait sur la voie publique au niveau du 74 de la rue du Lazaret. Cet individu correspondait au signalement de la personne recherchée depuis mardi soir», a relaté Christophe Castaner.

Des policiers à Strasbourg le 13 décembre 2018 [Alain JOCARD / AFP]
 
Des policiers à Strasbourg le 13 décembre 2018

Ils ont tenté de l'interpeller mais Chekatt s'est «retourné, faisant face aux fonctionnaires de police en tirant. Ils ont alors immédiatement riposté» et tué l'assaillant. L'homme «faisait partie des soldats» de Daesh, a affirmé peu après Amaq, son média de propagande, cité par le groupe de surveillance des réseaux extrémistes SITE. Daesh appelle régulièrement à viser les pays, dont la France, membres de la coalition internationale anti-jihadiste en Syrie et en Irak.

Le chef du parquet antiterroriste, Rémy Heitz, s'est rendu dans la nuit dans le quartier du Neudorf et devait s'exprimer vendredi matin. Après ce dénouement, les forces de l'ordre ont été applaudies par les badauds, rassemblés aux abords du périmètre de sécurité. «Bravo!», ont lancé certains d'entre eux.

Après la diffusion mercredi soir d'un appel à témoins, la police avait reçu plusieurs centaines d'appels.

Selon une source proche de l'enquête, une femme avait vu jeudi après-midi un homme ressemblant au fugitif, blessé au bras. Des traces de sang ont été trouvées et des images vidéo ont permis aux policiers d'acquérir la certitude qu'il s'agissait bien de lui.

«Merci à l'ensemble des services mobilisés, policiers, gendarmes et militaires. Notre engagement contre le terrorisme est total», a tweeté Emmanuel Macron.

Prosélytisme «parfois agressif»

Plus de 700 membres des forces de l'ordre traquaient le tireur du marché de Noël. Plusieurs opérations de police avaient déjà eu lieu au Neudorf, quartier du sud de Strasbourg où Chérif Chekatt, 29 ans, avait grandi.

L'auteur de l'attentat de Strasbourg tué par la police [Thomas SAINT-CRICQ / AFP]
 
L'auteur de l'attentat de Strasbourg tué par la police

Mardi soir, peu avant 20H00, il était entré dans le centre historique de la ville et avait ouvert le feu à plusieurs reprises sur les passants, en blessant d'autres à coups de couteau. Des témoins l'avaient entendu crier «Allah Akbar».

Il avait ensuite échangé des tirs avec les forces de l'ordre et avait été blessé à un bras, avant de réussir à s'enfuir à bord d'un taxi, à qui il avait raconté ce qu'il venait de faire. Cet élément «fondamental» permettra de l'identifier rapidement, de placer cinq de ses proches en garde à vue et de perquisitionner leurs domiciles.

Né à Strasbourg, Chérif Chekatt avait un passé judiciaire très chargé (27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse) et était fiché "S" («sûreté de l'État») pour sa radicalisation islamiste.

À chacun de ses séjours en prison, il avait été repéré pour son prosélytisme «parfois agressif», lui qui avait une affiche de Ben Laden dans une de ses cellules. Selon une source proche de l'enquête, il était suivi activement depuis sa sortie de prison, et ce jusqu'à mardi, sans que des velléités de passage à l'acte ne soient détectées.

Le jour de l'attaque, il devait être interpellé par les gendarmes dans le cadre d'une enquête de droit commun, mais avait échappé à cette arrestation.

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