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Conditions de travail, salaires, effectifs... des policiers à bout de nerfs

Le malaise est de plus en plus palpable. A bout de souffle après des ­semaines de mobilisation des gilets jaunes, les policiers veulent désormais, eux aussi, se faire entendre.

Mobilisés sans relâche, partout dans le pays, ils se disent aujourd’hui «lessivés». Un cri d’alarme qui cache un malaise plus ­profond, et qui pousse les agents à ­réclamer de meilleures conditions de travail et de rémunération.

Pour cela, les trois principales organisations syndicales de la profession ont appelé à des actions dans les jours à venir.

La plus emblématique, prévue ce mercredi 19 décembre, consiste en une «journée noire», où seuls les appels les plus urgents, comme les agressions, les accidents ou les cambriolages, seront pris en charge par les commissariats.

Des griefs très nombreux

Si leurs missions ont été épuisantes ces derniers temps, en raison de la grogne sociale, les forces de l’ordre ont en réalité été sollicitées en continu depuis bien plus longtemps.

En quatre ans, se sont ainsi enchaînés les attaques terroristes, la COP21, l’Euro 2016, la grève des cheminots, ou encore la Coupe du monde de football.

Une mobilisation tous azimuts, en plus de la protection quotidienne du pays, qui se traduit par des journées de travail atteignant parfois seize heures. Sans parler des vacations de nuit majorées de seulement 94 centimes de l’heure.

Résultat : depuis 2015, plus de 20 millions d’heures supplémentaires impayées ont été comptabilisées, pour un coût estimé à environ 275 millions d’euros.

Ces heures sont certes sanctuarisées dans des protocoles d’accord, mais ne sont pas inscrites au budget, ce qui fait craindre aux agents qu’elles ne soient jamais payées.

A cela s’ajoute un climat de violence dans lequel les policiers se sentent de plus en plus pris pour cible. «On en a marre de servir de chair à canon», résumait un CRS lors des affrontements avec des casseurs à Paris.

D’autant que le manque de moyens pousse de nombreux policiers à «acheter eux-mêmes des casques ou des coques de protection», s’alarme Stanislas Gaudon, porte-parole du syndicat Alliance Police.

Un ­investissement indispensable pouvant atteindre des centaines d’euros, non remboursés. C’est dans ce contexte qu’au moins 32 policiers (et 9 gendarmes), dont la porte-­parole de Mobilisation des policiers en colère, Maggy Biskupski, se sont suicidés cette année.

Une prime de 300 euros

Tentant de désamorcer la crise au plus vite, le gouvernement a proposé, ce mardi 18 décembre, une prime exceptionnelle de 300 euros aux forces de l’ordre mobilisées face au mouvement des ­gilets jaunes.

Elle devrait bénéficier à 111.000 fonctionnaires, pour un coût total d’environ 33 millions d’euros. Mais cela ne semble pas être ­suffisant.

«Il faut un véritable plan Marshall […], il y a beaucoup plus à faire en termes d’équipement et de ­véhicules, notamment», affirme ainsi Stanislas Gaudon.

Le ­ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui a reçu dans la soirée les principaux syndicats, n’a pas exclu d’aller «plus loin». 

Sachant que les discussions n’ont pas abouti, et doivent reprendre aujourd’hui. Après les ­gilets jaunes, l’Elysée veut à tout prix éviter les «gyros bleus».

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