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Un bras de fer interminable

L’acte IX, samedi dernier, a été marqué par un regain de mobilisation, à Paris et ailleurs. L’acte IX, samedi dernier, a été marqué par un regain de mobilisation, à Paris et ailleurs. [© BERTRAND GUAY / AFP]

Les gilets jaunes tentent de s’organiser pour exister dans l’avenir, tandis que le gouvernement parie sur le dialogue.

Les fêtes de fin d’année n’y ont rien changé. A la veille de l’ouverture du grand débat national, le bras de fer entre les gilets jaunes et l’exécutif semble s’inscrire sur le long terme. Preuve de la détermination des premiers, l’acte IX, samedi dernier, a été marqué par un regain de mobilisation. De quoi servir de carburant à une contestation qui agite le pays depuis maintenant deux mois sans interruption.

Alors qu’Emmanuel Macron mise désormais sur la concertation, le mouvement des gilets jaunes, toujours sans leader attitré, n’entend rien lâcher. Quitte à se structurer pour tenir sur la durée.

D’un mouvement à un parti ?

La journée de samedi a mis en lumière deux éléments : la hausse de la participation et la baisse de la violence. Au total, 84.000 personnes ont ainsi défilé dans une dizaine de métropoles, dont 8.000 à Paris, pour dénoncer la politique du gouvernement, contre 50.000 la semaine précédente, selon l’Intérieur. Une mobilisation comparable à l’acte V, mené mi-décembre. Rien qu’à Bourges, ville choisie en raison de sa géographie centrale, la fronde a réuni plus de 6.300 manifestants.

«Un mouvement qui a duré aussi longtemps, c’est quasi impossible de le faire retomber. D’autant plus que, non encadré par un syndicat, il reste imprévisible, non négociable», relève Stéphane Sirot, spécialiste des mouvements sociaux.

Du côté des violences, si plusieurs cortèges ont bel et bien été émaillés de heurts, pas plus de 244 individus ont été interpellés, dont 201 placés en garde à vue. Soit largement moins que le record de l’acte IV, le 8 décembre, avec plus de 1.000 arrestations. Le résultat d’un dispositif sécuritaire important, qui a mobilisé 80.000 forces de l’ordre, selon le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.

Mais cette dynamique peut aussi s’expliquer par les tentatives de structuration au sein des gilets jaunes. Pour la première fois, un service d’ordre improvisé – les «brassards blancs» – était ainsi présent à Paris pour éviter tout risque de débordement. Autre signal : sur Facebook, des opposants ont lancé leurs propres médias, baptisés Vécu ou France Actus, afin de rendre compte eux-mêmes de la mobilisation ou dénoncer des fake news.

Et la question d’une éventuelle formation politique «gilets jaunes», à l’image de Podemos en Espagne, né du mouvement social des Indignés, fait désormais débat. Reste que la présence de deux extrêmes (RN et LFI), qui cherchent à capter l’électorat des gilets jaunes ou à les intégrer à leur liste pour les européennes de mai, complique la tâche. Sans compter que le mouvement se veut horizontal, et donc sans chef. «Ce qui est plus probable, ce sont des micro-organisations au niveau local», selon Stéphane Sirot.

LA DERNIÈRE CARTE DE L’ETAT

Après les concessions accordées mi-décembre (10 milliards d’euros pour le pouvoir d’achat), Emmanuel Macron va tenter de convaincre en dévoilant ce mardi une lettre aux Français, les invitant à participer au débat national qui s’ouvre demain. «Mais dès lors que le gouvernement a exclu tout changement de cap, certains doutent de son utilité», estime Stéphane Sirot.

A l’heure où 60 % de la population soutiennent toujours le mouvement, selon un récent sondage Elabe, c’est donc sous pression que le président amorce la suite de son quinquennat. Car une question s’impose : pourra-t-il encore faire appliquer des réformes jugées impopulaires, comme les retraites ou la fonction publique ?

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