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Emmanuel Macron face à 600 maires normands pour lancer le grand débat

Emmanuel Macron avec Vanik Berberian (D), président de l'Association des maires ruraux de France et le secrétaire général Michel Fournier (G), le 14 janvier 2019 à Paris [Ludovic MARIN / POOL/AFP] Emmanuel Macron avec Vanik Berberian (D), président de l'Association des maires ruraux de France et le secrétaire général Michel Fournier (G), le 14 janvier 2019 à Paris. [Ludovic MARIN / POOL/AFP]

C'est dans le gymnase de la petite commune de Grand Bourgtheroulde, devant 600 maires normands, qu'Emmanuel Macron donne mardi le coup d'envoi du grand débat censé répondre à la crise des «gilets jaunes» en donnant pendant deux mois la parole aux Français.

Cette première sortie du chef de l'Etat en région depuis un mois se déroulera sous haute sécurité, alors que des «gilets jaunes» et des syndicats ont appelé à manifester sur place.

Un arrêté préfectoral a interdit toute manifestation sur la commune jusqu'à mercredi. A Rouen, à une trentaine de kilomètres de là, plus de 2.500 «gilets» ont défilé samedi dans les rues du centre-ville, une mobilisation qui a donné lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre et des agressions de journalistes.

A partir de 15 heures, le chef de l'Etat compte écouter pendant plus de deux heures les maires des cinq départements normands venus exposer les doléances de leurs administrés.

Depuis qu'il a été violemment pris à partie par des manifestants début décembre au Puy-en-Velay, Emmanuel Macron n'est plus retourné au contact des Français. Seule exception, une visite éclair sur le marché de Noël de Strasbourg le 14 décembre, après l'attentat qui a fait cinq morts.

Mardi, ce bourg de 3.500 habitants sera la première étape d'un tour de France qui le conduira à écouter les maires de toutes les régions françaises, lors d'une dizaine de rencontres du même type.

Ira-t-il discuter avec des habitants lors d'un de ces bains de foule qu'il affectionne ? Tout dépendra de l'ambiance, indique l'Elysée.

Ecoute

«Ce n'est pas le moment de se cacher, il faut sortir, les gens ne veulent pas d'un président planqué à l'Elysée», plaide une source gouvernementale.

Maître mot, l'écoute. «La parole sera laissée aux maires» afin qu'ils fassent «remonter les préoccupations de leurs concitoyens», selon l'Elysée.

Emmanuel Macron «nous a dit qu'il n'avait pas l'intention de parler, sauf de manière très ponctuelle. Il est plutôt dans une phase d'écoute», a confirmé Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), après avoir été reçu lundi à l'Elysée.

Le maire de Grand Bourgtheroulde, Vincent Martin (sans étiquette), assure que la réunion ne sera «pas de la com' et une grand-messe du président de la République».

L'édile remettra «en mains propres» au président le cahier de doléances des Therouldebourgeois, qui s'est rempli depuis l'annonce de sa venue.

Les questions de justice fiscale - plus précisément le rétablissement de l'ISF, un tabou pour le président -, de pouvoir d'achat des retraités et de mobilité arrivent en tête des préoccupations. Cette commune située en première couronne de la métropole de Rouen est dépourvue de transports en commun pour s'y rendre.

Le président aura fort à faire pour convaincre nombre d'habitants persuadés de l'inutilité du grand débat, qu'ils se disent pro-Macron ou «de tout coeur» avec les «gilets jaunes».

Enjeu crucial

Pour ce déplacement, Emmanuel Macron sera accompagné de quatre ministres, dont les deux chargés lundi d'animer le grand débat : Sébastien Lecornu (Collectivités territoriales), ex-président du Conseil départemental de l'Eure, et Emmanuelle Wargon (Transition écologique).

L'Elysée veut éviter que le grand débat apparaisse comme un exercice verrouillé par le gouvernement, comme l'en accusent une partie des «gilets jaunes» et de l'opposition. Il n'est donc pas question que le président tranche sur un sujet avant la fin du débat mi-mars.

L'enjeu est crucial pour Emmanuel Macron, qui compte relancer son quinquennat et reprendre l'initiative après deux mois de crise et d'effondrement dans les sondages.

Mais les Français restent sceptiques. Près d'un sur deux a l'intention de participer au grand débat mais ils ne sont que 31% à penser qu'il permettra de sortir de la crise des "gilets jaunes», selon un sondage OpinionWay lundi.

Dans sa Lettre aux Français dimanche, le chef de l'Etat assure qu'il «rendra compte directement» des résultats du grand débat afin de «bâtir un nouveau contrat pour la Nation», sans préciser comment.

«Il faudra impérativement que le gouvernement en tienne compte (...) Dire dans un grand élan de générosité 'Je vous ai compris', sans qu'il se passe quelque chose derrière, ça risquerait de poser problème», prévient Michel Fournier, vice-président de l'AMRF.

Après l'Eure, Emmanuel Macron se rendra vendredi à Souillac (Lot) pour un deuxième débat avec des maires, au lendemain des voeux aux armées à Toulouse.

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