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Grand débat : des gilets jaunes en plein dilemme

Forts d’un regain de mobilisation le week-end dernier, les gilets jaunes semblent décidés à ne rien lâcher. La preuve, les appels à un acte X samedi se multiplient sur les réseaux sociaux, tandis que des irréductibles restent mobilisés sur les ronds-points en région.

Mais, à l’heure du grand débat national lancé cette semaine par Emmanuel Macron sur tout le territoire, la question de la poursuite du mouvement est posée.

En lançant cette discussion, le gouvernement espère enfin éteindre une colère qui dure depuis des semaines. Que ce soit sur les stands installés dans les gares ou les marchés, lors d'échanges présidés par les maires, ou encore sur Internet, à compter du 21 janvier, les gilets jaunes, et plus largement les Français, ont un peu moins de deux mois pour exprimer leur avis et apporter leur pierre à l’édifice.

Une concertation déterminante

Le gouvernement, qui a envoyé un courrier aux 35 000 maires, les invitant à se ­mobiliser, espère l’organisation de 200 réunions, dans tout l’Hexagone, rien que ce week-end. L’objectif ? Retisser le lien avec la population en l’associant aux ­décisions, mais surtout endiguer l’une des plus graves crises sociales du quinquennat. «Le grand débat doit occulter l’acte X des gilets jaunes. Il faut des réunions partout sur le territoire, qu’on ne parle que de cela dans les journaux», glissait récemment un proche de l’Elysée au Parisien. «Le pari de Macron, c’est de remplacer les manifestations par des ­débats, et ainsi redynamiser la démocratie», explique Rémi Bourguignon, spécialiste des mouvements sociaux.

la méfiance toujours là

Parmi les sujets sur la table des négociations : la justice fiscale, la taxe carbone, la limitation à 80 km/h, ou encore les services de proximité. Mais reste à savoir si les gilets jaunes seront suffisamment convaincus pour stopper leurs actions. Car, dès lors que le gouvernement a exclu toute remise en cause des réformes économiques menées par Emmanuel Macron (ISF, Code du travail, SNCF…), la méfiance reste de mise, au risque de voir la colère se cristalliser et les manifestations continuer encore. «Les plus radicaux, ceux qui attendent un revirement politique majeur, risquent d’être déçus», et devraient donc grogner d’autant plus, selon Rémi Bourguignon.

Comme un indice de leur détermination, un rassemblement est prévu dimanche devant le ­ministère de l’Economie, à Paris, au lendemain de l’acte X – une première. «Macron maintient sa ligne de conduite [politique]. S’il veut la guerre civile, c’est bien parti», menaçait récemment un gilet jaune à Marseille, qualifiant ce grand débat d’«enfumage».

Un quinquennat en jeu

Emmanuel Macron devrait profiter du débat pour tenter de se rapprocher des territoires, dont sont issus la plupart des gilets jaunes. Après son marathon de 7 heures face à 600 maires dans l’Eure, mardi, c’est aujourd’hui à Souillac (Lot) que le président ira à la rencontre des élus. La ville a d’ailleurs été placée sous haute sécurité, après que des opposants ont ­appelé à «une marée populaire».

Un exercice qu’il a promis de renouveler, mais très périlleux, du fait qu’«il y a une défiance des élus locaux, craignant d’être instrumentalisés», selon Rémi Bourguignon. Mais au-delà des gilets jaunes, c’est l’avenir de son quinquennat que Macron pourrait jouer. Avec, en ligne de mire, la bataille imminente pour les élections européennes.

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