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Renault : Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré à la tête du groupe

Le tandem composé de Thierry Bolloré, adjoint et dauphin désigné de Carlos Ghosn, et de Jean-Dominique Senard, patron de Michelin, a été intronisé officiellement jeudi à la tête du constructeur automobile Renault, dans un contexte riche en défis pour le groupe au losange.

A l'issue du conseil d'administration qui se tient jeudi à partir de 10h00 (09H00 GMT) à Boulogne-Billancourt (sud-ouest de Paris), les deux hommes ont été désignés pour se partager les fonctions de l'ancien dirigeant du groupe, à la tête de Renault depuis 2005 mais incarcéré au Japon depuis plus de de deux mois.

Carlos Ghosn est soupçonné d'avoir omis de déclarer aux autorités boursières entre 2010 et 2015 une grande partie de ses revenus au titre de ses fonctions chez Nissan. Son procès, lors duquel il risque jusqu'à 15 ans de prison, n'aura pas lieu avant des mois. Depuis le Japon, Carlos Ghosn a démissionné de son poste de PDG de Renault. 

Thierry Bolloré, Breton de 55 ans, a été chargé de la direction générale, tandis que Jean-Dominique Senard, patron de Michelin qui fêtera ses 66 ans en mars, devient président du conseil d'administration.

Qui à la tête de l'alliance ? 

M. Senard, qui jouit d'une image de patron social, a les faveurs du gouvernement français alors que l'Etat est premier actionnaire de Renault avec 15% du capital et quelque 22% des droits de vote. Il avait prévu de passer la main en mai à la tête de Michelin et y a déjà mis sa succession en bon ordre.

Quant à Thierry Bolloré, il assurait l'intérim depuis fin novembre, et représente la continuité au sein du groupe qu'il a rejoint en 2012, en provenance de l'équipementier Faurecia. Il est fin connaisseur de l'Asie et du Japon, un vrai plus à l'heure où les rapports futurs entre Nissan et Renault interrogent jusqu'en interne.

Car si le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, martèle que l'alliance entre Renault et Nissan, bâtie par Carlos Ghosn, n'est «absolument pas en danger», les interrogations restent importantes.

Qui, par exemple, va présider cette alliance, numéro un mondial de l'automobile en 2017 avec 10,6 millions de véhicules vendus, dont 3,76 millions pour Renault et 5,81 millions pour Nissan ? La succession s'annonce comme un casse-tête, même si les statuts prévoient que le PDG de l'entité enregistrée aux Pays-Bas soit nommé par Renault, alors que Nissan choisit le vice-président.

Renault détient 43% de Nissan, qui lui-même possède 15% de Renault (mais sans droit de vote) et 34% de Mitsubishi, et juridiquement, le pouvoir est bien aux mains de Renault.

Mais Nissan pèse près de deux fois plus que Renault en Bourse, et la situation génère des rancœurs au Japon. Même si le groupe au losange a sauvé le constructeur japonais de la faillite en 1999, certains y estiment que la structure actuelle de l'alliance ne traduit pas le véritable poids de leur entreprise.

Une remise à plat de cet édifice subtil, dont Carlos Ghosn était la clef de voûte, pourrait signifier une perte d'influence de Renault.

«Un des enjeux récents était de s'intégrer davantage» pour rendre plus visible les bénéfices de l'alliance, estimait fin novembre Tommaso Pardi, directeur adjoint du Groupe d'étude et de recherche permanent sur l'industrie et les salariés de l'automobile (Gerpisa). Mais l'affaire Ghosn, montre, selon lui, que «le fait d'aller plus loin était peut-être plus compliqué qu'on l'avait pensé».

Un défi de taille

Dimanche dernier, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a en tout cas démenti avec vigueur des informations de médias japonais selon lesquels des représentants de l'Etat français auraient plaidé pour une fusion entre Renault et Nissan. Un scénario qui «n'est pas sur la table».

«Le rôle du prochain président, c'est de renforcer l'Alliance, de renforcer ce géant industriel qui est aujourd'hui le premier constructeur automobile mondial. Ca c'est la responsabilité première du prochain président», a-il aussi estimé sur BFMTV, tandis que le directeur général aura à gérer «le fonctionnement opérationnel».

Le défi est donc de taille pour le tandem qui a pris les rênes du groupe français, même si Carlos Ghosn leur lègue une entreprise en bonne santé financière, dont il aura augmenté le volume des ventes mondiales de plus de 50% à près de 4 millions de véhicules (hors Nissan et Mitsubishi), en développant notamment le créneau du low-cost avec les marques Dacia et Lada.

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