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Les surveillants de prison restent mobilisés deux jours après l'agression de Condé-sur-Sarthe

Affiche posée par les surveillants de la prison d'Alençon/Condé-sur-Sarthe, mobilisés encore le 7 mars 2019 [JEAN-FRANCOIS MONIER              / AFP] FO, le syndicat majoritaire, faisait état de 80 établissements bloqués en France. [JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

De Nantes à Nice en passant par Fleury-Mérogis ou Chambéry, la mobilisation des surveillants a repris jeudi devant de nombreuses prisons, deux jours après l'agression de deux collègues par un détenu radicalisé à Alençon/Condé-sur-Sarthe.

A 09H30, FO, le syndicat majoritaire, faisait état de 80 établissements bloqués en France, sur un total de 188. Les surveillants auraient été «délogés dans une vingtaine d'établissements». L'administration pénitentiaire n'avait, de son côté, pas encore fourni de chiffre au niveau national.

Mercredi, 18 prisons avaient été bloquées en début de matinée, et seules deux l'étaient restées en fin de journée, Rouen et Condé.

Devant cet établissement normand, où le Raid est intervenu mardi après l'agression des deux surveillants avec des couteaux en céramique, une centaine de surveillants bloquaient toujours l'accès jeudi matin, et quatre barrages de pneus, de palettes et de vieux meubles, ont été érigés, a constaté l'AFP.

L'agression s'est soldée par l'interpellation de Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de 30 ans et s'est radicalisé en prison, et la mort de sa compagne, retranchée avec lui pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison.

Depuis, la prison, l'une des plus sécurisées de France, est «complètement bloquée», a rapporté à l'AFP Emmanuel Guimaraes, délégué FO pénitentiaire national. «Le stock de nourriture (...) est épuisé depuis hier soir. Et il ne reste plus que 17 surveillants dans la prison alors qu'il en faut 105 pour une journée entière», a-t-il ajouté.

Seules les ERIS (équipes régionales d'intervention et de sécurité) arrivées mardi ont été relevées mercredi, selon lui.

Philippe admet une «défaillance»

Mercredi soir, le premier ministre Edouard Philippe a reconnu sur BFMTV «une défaillance», «probablement dans la fouille des visiteurs» : «il faut immédiatement essayer de la comprendre et de la corriger», a-t-il déclaré, soulignant que la Garde des Sceaux Nicole Belloubet avait «immédiatement lancé une enquête».

«Nous ne devons rien laisser passer, donc nous allons faire en sorte que le niveau de contrôle, de fouille, y compris des visiteurs puisse être élevé, de façon à ce que ces défaillances ne se reproduisent pas», a-t-il ajouté.

Sur le terrain, devant les dizaines de prisons perturbées, les surveillants font part de leurs craintes pour leur sécurité. Le mouvement semble avoir également réveillé d'autres revendications, sur les conditions de travail, les salaires ou les conditions de recrutement.

«Aujourd'hui, on est gentils, pas de feu de palettes ni de pneus, mais si on doit durcir la mobilisation, les modalités ne seront pas les mêmes», promet Nadia Labiod, secrétaire nationale Ufap Unsa, devant la prison parisienne de la Santé. «On ne veut pas risquer nos vies, on veut rentrer chez nous en bon état, notre sécurité n'a pas de prix».

En banlieue parisienne, les syndicats ont fait état de mobilisations dans au moins cinq établissements, dont des blocages à Osny (Val d'Oise), Réau (Seine-et-Marne) ou Villepinte (Seine-Saint-Denis). A Fleury-Mérogis (Essonne), le barrage de la plus grande prison d'Europe a été levé aux environs de 09H00 par les forces de l'ordre, «à coup de lacrymos et de matraques» selon le délégué local FO Thibault Capelle.

«On veut une revalorisation sécuritaire, indemnitaire et statutaire. On veut arrêter de bosser dans des conditions de merde», résume-t-il. «Les établissements sont devenus des cercueils, donc on préfère mettre les collègues en sécurité en les bloquant».

Dans l'Ouest, une quarantaine de surveillants sont mobilisés depuis 06H15 devant la maison d'arrêt de Nantes (Loire-Atlantique), retardant les extractions de détenus, tandis qu'à Rouen, des agents observent une «grève du zèle» : «seuls les parloirs et les promenades sont assurés», selon Guillaume Colas (FO).

En Auvergne-Rhône-Alpes, une majorité d'établissements sont concernés par le mouvement, selon l'UFAP, qui assure ne pas être «sur une modalité dure», mais une «piqûre de rappel» quant aux revendications des agents. D'autres perturbations ont été rapportées à Grasse (Alpes-Maritimes), avec un blocage total selon FO, ainsi qu'à Nice : là, «rien n'est rentré, les personnels n'ont pas pris leur poste» a indique Johann Bataillé (Ufap-Unsa).

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