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Européennes : Nathalie Loiseau «prend son risque» mais doit accélérer sa mue

La ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, le 30 janvier 2019 à l'Elysée, à Paris [LUDOVIC MARIN / AFP/Archives] La ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, le 30 janvier 2019 à l'Elysée, à Paris. [LUDOVIC MARIN / AFP/Archives]

«Prête» à mener la liste LREM aux élections de mai, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau a reçu vendredi le soutien de la majorité. Mais elle devra accentuer sa montée en puissance politique dans une campagne qui s'annonce tendue.

Pressentie depuis plusieurs semaines pour porter la bannière de La République en marche au scrutin du 26 mai, Mme Loiseau s'est lancée jeudi soir, à la fin d'un débat face à Marine Le Pen sur France 2. «Je suis prête à être candidate», a-t-elle annoncé, sous l'oeil goguenard de la patronne du RN qui s'est moquée d'une déclaration «téléguidée».

Nathalie Loiseau assure «prendre son risque», reprenant à son compte l'une des expressions fétiches d'Emmanuel Macron, mais l'avoir averti préalablement de son intention.

Elle assure aussi avoir fait part de ses «hésitations» au président, au Premier ministre Edouard Philippe et avoir cédé aux «pressions amicales» de son camp l'invitant à être candidate.

Elle affirme également avoir décidé de faire acte de candidature sur le plateau, en entendant les «énormités» proférées par Marine Le Pen.

«Certains ont pu écrire que j'étais mauvaise comédienne (... je ne joue pas la comédie», a-t-elle martelé lors d'une conférence de presse commune avec le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney.

La ministre des Affaires européennes  Nathalie Loiseau, lors d'une conférence de presse le 15 mars 2019 à Paris [JACQUES DEMARTHON / AFP]
La ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, lors d'une conférence de presse le 15 mars 2019 à Paris [JACQUES DEMARTHON / AFP]

Mme Loiseau a immédiatement reçu plusieurs marques de soutien, à commencer par Edouard Philippe, juppéiste comme elle, qui a salué une «bonne nouvelle», suivi par plusieurs membres du gouvernement (Marlène Schiappa, Gabriel Attal, Benjamin Griveaux...). Le Premier ministre a aussi vanté les mérites d'une «excellente ministre qui connaît remarquablement bien ses dossiers», avec «un sens politique très fin et qui est aussi une femme extrêmement déterminée et combattante».

«Notre liste a vocation à incarner une crédibilité sur les sujets européens et Nathalie Loiseau était la mieux placée. C'est très bien qu'elle ait fait cet acte de candidature», a abondé auprès de l'AFP le député LREM Pieyre-Alexandre Anglade.

Désormais sortie du bois, Mme Loiseau doit formellement recevoir l'adoubement de la commission nationale d'investiture du parti. Ensuite, viendra la question de son départ du gouvernement afin de se consacrer à la campagne, ouvrant ainsi potentiellement une fenêtre pour une sortie du porte-parole Benjamin Griveaux, qui lorgne de son côté la mairie de Paris.

«Hyper technocrate»

Alors que la campagne s'annonce ramassée, mais également virulente, dans un contexte global de recomposition politique, son camp attend de Mme Loiseau qu'elle muscle son jeu.

Car l'assise de sa candidature repose d'abord sur ses compétences, acquises après plus de 25 ans au sein de la diplomatie française, de Jakarta à Washington.

Revers de la médaille, cette ancienne directrice de l'ENA est aussi considérée comme bien trop «techno». «Je suis ravie que vous soyez tête de liste, vous êtes hyper technocrate», s'est empressée de commenter Mme Le Pen jeudi, dessinant le principal angle d'attaque du Rassemblement national.

«Elle, elle a une vision de 'techno', comptable», a embrayé le porte-parole du RN Sébastien Chenu vendredi sur Public Sénat.

Ses soutiens mettent plutôt en avant sa mue politique depuis son entrée au gouvernement. Un conseiller du gouvernement vante son «panache» d'aller «défier» Marine Le Pen et de «réussir parfois a lui tenir tête» : «je dis chapeau !».

Un communicant proche de l'exécutif, plus dubitatif, estime qu'elle «ne s'est pas fait écraser mais n'est pas sortie vainqueure» d'une joute «qui n'était pas d'un très bon niveau". Quant à sa déclaration de candidature : «c'était guignolesque !»

LREM pourrait trouver un palliatif en promouvant aux côtés de Mme Loiseau plusieurs figures de différentes sensibilités. «Nathalie Loiseau au sein d'un groupe de quatre têtes de liste me paraît très bien», a glissé à l'AFP l'écologiste Daniel Cohn-Bendit, soutien de LREM.

Pour l'opposition, notamment de gauche, l'enjeu n'est pas tant d'abord de cibler Mme Loiseau que de s'immiscer dans le bras de fer LREM-RN, loin devant les autres partis dans les sondages.

«Mme Loiseau fait le choix d'annoncer sa candidature à l'occasion d'un débat face à Mme Le Pen», ce qui «en dit long sur la volonté d'imposer à notre peuple un choix réducteur entre libéraux et fachos», a cinglé la tête de liste du PCF Ian Brossat.

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