En direct
A suivre

Le grand débat à l'Assemblée

Place aux parlementaires. Après plus de deux mois de grand débat à travers le pays, c’est au tour de l’Assemblée nationale, jusqu’ici peu sollicitée, de faire entendre sa voix.

Les députés vont s’emparer, mardi et mercredi, pendant quinze heures au total, des thèmes de la consultation (écologie, fiscalité, citoyenneté et organisation de l’Etat), avant des questions-réponses avec le gouvernement. Le Premier ministre, Edouard Philippe, fera dans la foulée une déclaration à la tribune de l’hémicycle, suivie d’un débat sans vote. Un exercice qui aura également lieu mercredi, devant le Sénat. L’occasion, pour tous les groupes politiques, d’apporter leur pierre à l’édifice, en attendant les premières conclusions de l’exécutif, qui seront dévoilées lundi prochain.

Des discussions sous tension

Après plus de 1,4 million de contributions citoyennes déposées sur le site officiel et quelque 10 000 réunions organisées sur le terrain, les élus ont de quoi débattre. Certains ont même reçu en mains propres plusieurs des 16 000 cahiers de doléances déposés par les mairies. Sans surprise, les «marcheurs» devraient profiter de leur temps de parole pour défendre l’initiative et la politique du gouvernement. Et notamment les propositions évoquées ces derniers jours, comme la réindexation des retraites modestes sur l’inflation, la prise en compte du vote blanc, ou encore une nouvelle journée de solidarité pour financer la dépendance. «C’est une première ébauche de ce qui va être proposé par l’exécutif», prédit Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, précisant que l’enjeu est de «montrer que le Parlement n’a pas été inerte face à la crise sociale».

De son côté, l’opposition, du RN à LFI, en passant par LR, a bien l’intention d’utiliser la tribune pour porter le fer contre le pouvoir. Les habitués des coups d’éclat, tels l’Insoumis François Ruffin ou le Républicain Eric Ciotti, devraient notamment se faire entendre. Entre l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC) et le rétablissement de l’ISF d’un côté, et la baisse de l’impôt sur le revenu et le recul de l’âge de la retraite de l’autre, leurs revendications risquent d’être aussi foisonnantes qu’hétérogènes.

Ils devraient toutefois se rejoindre sur un point : le regret de n’intervenir qu’à la fin des discussions, au détour d’une «espèce de débat consultatif» (LFI), et donc non décisionnel. Et ce, alors qu’Emmanuel Macron chercherait à «cannibaliser» (LR) la campagne des européennes en participant à une quinzaine d’assemblées locales – et notamment demain en Bretagne, et jeudi en Corse. Les chambres législatives «ne sont pas des salles des fêtes», résume un ténor de la droite.

Des choix cruciaux pour la suite

Reste à savoir dans quelle mesure l’exécutif s’inspirera des pistes du Parlement, et plus largement de celles des citoyens. Car, si le président promet «des mesures concrètes» distillées «jusqu’à l’été», il ne compte pas «renier» le cap de son quinquennat, comme l’a réaffirmé hier la nouvelle porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.

Le risque serait alors de «n’aboutir qu’à des mesures d’ajustement, qui tomberaient à côté des revendications de pouvoir d’achat et de justice fiscale», selon Bruno Cautrès. Dès lors que 70 % des Français (sondage Elabe) pensent que le débat ne permettra pas de sortir de la crise, tout l’enjeu de l’Elysée sera donc d’essayer de leur donner tort.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités