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Grand débat : place au concret

Le Premier ministre, Edouard Philippe, fait la «restitution» du grand débat national, lundi 8 avril, au Grand Palais à Paris. Le Premier ministre, Edouard Philippe, fait la «restitution» du grand débat national, lundi 8 avril, au Grand Palais à Paris. [© Philippe LOPEZ / AFP]

Le gouvernement a pris acte, il va maintenant devoir agir. Après presque trois mois de consultations destinées à répondre à la crise des gilets jaunes, Edouard Philippe a dressé, lundi, le bilan du grand débat, qu’il a qualifié de «libre et foisonnant».

Depuis le Grand Palais à Paris, le Premier ministre a d’abord tenu à remercier l’ensemble des acteurs ayant participé, des maires à la société civile, en passant par les citoyens, avant de saluer le «succès» de l’opération. Il devrait en préciser les conclusions mardi face aux députés, et mercredi devant les sénateurs. Un inventaire destiné à synthétiser les propositions des Français, et à ébaucher les premiers arbitrages de l’Elysée, attendus dans quelques jours.

L’émergence de consensus

«Nous ne pourrons plus gouverner comme avant», a souligné Edouard Philippe, insistant sur l’«immense besoin de justice et d’équité» dans le pays. Sans grande surprise, la première attente des Français est, selon lui, de diminuer les impôts, et «plus vite», afin de répondre à «l’exaspération fiscale». Un geste qui serait compensé par une baisse des dépenses publiques, «mal réparties». En revanche, ni le retour de l’ISF, ni la lutte contre la fraude fiscale – revendications pourtant phares des gilets jaunes et de l’opinion – n’ont été évoqués pour renflouer les caisses de l’Etat.

Autre consensus qui a émergé du débat : le renforcement de la démocratie délibérative, dans la lignée du référendum d’initiative citoyenne, jusqu’ici écarté, mais aussi le devoir d’exemplarité des élus, alors que la défiance à leur égard n’a jamais été aussi grande. En réponse aux territoires qui se disent abandonnés, le locataire de Matignon a également plaidé pour un «rééquilibrage entre métropoles et communes», par exemple via une refonte de l’urbanisme, des services publics ou des transports en commun.

Enfin, face à l’urgence climatique, autre priorité plébiscitée, les Français sont, selon le Premier ministre, favorables au principe du pollueur-payeur, mais réticents à de nouveaux impôts, comme la taxe carbone, pour financer la transition écologique.

Autant d’attentes que l’exécutif a dorénavant à charge de traduire en actes. «Après beaucoup d’effets d’annonce sur l’utilité du débat, peut-être trop, il va devoir trouver une sortie collective, avec des mesures fortes ou symboliques, qui satisfont un maximum de Français, et en particulier sa base électorale, en vue des européennes», relève le politologue Philippe Moreau-Chevrolet.

Un essai à transformer

Alors que la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a promis qu’après le débat, «rien ne sera comme avant», tout l’enjeu est désormais de le prouver dans les faits. Et ainsi donner tort à la fois à l’opinion, qui pense à 79 % que le débat ne permettra pas de sortir de la crise (sondage Elabe), mais aussi à l’opposition, qui fustige un «grand blabla» et un exercice «biaisé» par le gouvernement, lequel ne retiendrait que ce qui l’arrange parmi les propositions.

«Sinon, le danger est de susciter un rejet encore plus fort qu’avant», estime Philippe Moreau-Chevrolet. Ce dont le Premier ministre a conscience : «le besoin de changement est si radical que toute frilosité serait impardonnable», a-t-il insisté hier. Plus que jamais, le futur du quinquennat va donc se jouer la semaine prochaine, lors de la prise de parole du président.

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