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L'enquêtrice en charge de l'affaire Legay est la compagne du commissaire mis en cause

Genevieve Legay, à Nice, le 23 mars dernier, quelques instants avant d'être bousculée. [VALERY HACHE / AFP]

La policière en charge de l'enquête sur les blessures graves de Geneviève Legay, cette militante d'Attac bousculée dans un cortège de gilets jaunes, à Nice, le 23 mars dernier, est la compagne du commissaire de police chargé du maintien de l'ordre ce jour-là.

L'information, relayée par Mediapart lundi 8 avril, a aussitôt alimenté les suspicions de conflit d'intérêts.

D'après le site d'investigation, c'est le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, qui a choisi de confier les investigations à la compagne de Rabah S., en charge du dispositif de sécurité sur la place Garibaldi, lieu où la manifestante de 73 ans a chuté. 

«Pas un problème», pour le procureur de la République de Nice

Contacté, le magistrat a cependant expliqué «être tout à fait au courant, au moment de l’ouverture de l’enquête préliminaire, des liens de concubinage qui unissent le commissaire Rabah S. et Hélène P». ajoutant «[qu'il] ne voyait pas en quoi cela pose problème».

Dans un premier temps, le magistrat avait exclu que Geneviève Legay ait été poussée par un policier mais l'analyse des images de vidéosurveillance de la ville ont depuis permis de confirmer l'implication d'un agent placé sous les ordres de Rabah S., dans la chute de la septuagénaire qui avait dû être hospitalisée.

Une information judiciaire est ainsi désormais ouverte pour «violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de huit jours par dépositaire de l'autorité publique».

Mais, au départ, se défend Jean-Michel Prêtre, «Il s'agissait d'une enquête technique en recherche des causes de blessures qui ne mettait en cause absolument personne pour une faute quelconque».

Son but, dit-il, était avant tout d'avoir «un service qui pouvait intervenir immédiatement, qui savait [...] récupérer les images, les interpréter, entendre tous les témoignages et identifier les personnes». Un travail qui, assure-t-il, a été fait «en toute indépendance».

L'enquête pourrait être confiée à un autre service

Interrogée à son tour par Mediapart lundi, Geneviève Legay a toutefois nommément mis en cause le commissaire S. pour sa gestion de la manifestation du 23 mars.

«Pour la suite de l’enquête, dit-elle, je ne veux pas me tromper de cible. Je sais que le policier qui m’a poussée a reçu des ordres de sa hiérarchie, du commissaire S., du préfet de police, du ministère de l’intérieur. Je veux qu’on remonte vers les responsables et qu’on ne reste pas sur les simples exécutants».

Et d'ajouter : «Je me rappelle très bien au début de la manifestation de ce commissaire S., et de son regard. Il semblait animé de colère à notre égard. Comme si le drapeau de la paix que j’agitais le mettait hors de lui».

La militante attend donc désormais que toute la lumière soit faite. Selon Mediapart, dans le cadre de l'information judiciaire désormais ouverte, «l’enquête de police devrait, selon toute vraisemblance, être confiée à un autre service».

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