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Grand débat national : Emmanuel Macron doit désormais trancher

Si les Français sentent qu’ils n’ont pas été entendus, la prise de parole du locataire de l’Elysée ne sera pas efficace. Si les Français sentent qu’ils n’ont pas été entendus, la prise de parole du locataire de l’Elysée ne sera pas efficace. [© Francois Mori / POOL / AFP]

Au bout de trois mois de concertations, le président doit annoncer du concret. Mais l’opposition l’attend au tournant.

Après la synthèse du grand débat national, restituée cette semaine par le Premier ministre, Edouard Philippe, tous les regards sont désormais tournés vers l’Elysée. Très discret depuis le début de l’opération, à l’exception de ses interventions marathons, Emmanuel Macron dévoilera en effet ses premiers arbitrages dimanche ou lundi, selon Le Parisien.

Des décisions «puissantes et concrètes», promet Matignon, qui se traduiront par de «grands chantiers» destinés à répondre au «besoin de transformation» exprimé par les Français. De quoi susciter une grande attente de l’opposition et des citoyens, à commencer par les gilets jaunes.

Les mesures seront scrutées

Si le président sera bel et bien le maître des annonces dans quelques jours, plusieurs propositions sont déjà sur la table. Première d’entre elles, selon Matignon : la baisse des impôts, afin de répondre à «l’exaspération fiscale», avec, en contrepartie, des coupes dans les dépenses publiques, «mal réparties». Mais, alors que l’exécutif dit aussi vouloir «remettre du service public sur le terrain», l’équation s’avère difficile.

Autre concession envisagée : renforcer la démocratie délibérative et le devoir d’exemplarité des élus, afin de briser le «mur de défiance» qui sépare les citoyens de leurs représentants. Dans la même veine, l’Etat entend retisser le lien entre métropoles et communes, par exemple via une refonte de l’urbanisme ou des transports en commun.

Face à l’urgence climatique, autre priorité des répondants, il s’est contenté d’exclure tout nouvel impôt pour financer la transition écologique – que ce soit pour les particuliers ou les grosses entreprises. Le tout, avec, en ligne de mire, la réduction de «la dette, témoin de nos faiblesses», avertit Matignon.

Une stratégie risquée

«L’exécutif fait comme si les conclusions du débat s’alignaient sur son programme. Ce qui donne le sentiment que les revendications n’ont servi à rien, si ce n’est à gagner du temps avant les européennes», juge le politologue Philippe Moreau-Chevrolet. D’ailleurs, le gouvernement a tracé des lignes rouges. Ce sera non au retour de l’ISF, à la TVA à 0 % sur les produits de première nécessité ou encore au Référendum d’inititiative citoyenne (RIC), pourtant plébiscités.

Périlleuse, la prise de parole d’Emmanuel Macron ne pourra «pas se résumer à quelques mesures symboliques», a précisé hier la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Au risque de conforter l’opinion, qui pense à 68 % que l’exécutif ne tiendra pas compte de ses propositions (Elabe), mais surtout de relancer la mobilisation des gilets jaunes, qui ont déjà prévu de manifester demain.

La menace d’un printemps social

Qu’elle satisfasse ou déçoive, la réponse de l’Elysée sera décisive. Car les gilets jaunes, potentiellement revigorés par le printemps, sont loin d’être les seuls contestataires. Entre les retraités, dans la rue hier, et les enseignants, de plus en plus mobilisés, en passant les jeunes, qui manifestent aujourd’hui pour le climat, les signaux sont à l’orange.

Or, pour Philippe Moreau-Chevrolet, «à force de donner l’impression de gouverner tout, tout seul, Macron risque de faire face à une fronde sociale radicale sur le long terme, et sans intermédiaire syndical qui ferait tampon». A l’image de celle des gilets jaunes ?

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