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Quelle stratégie pour Emmanuel Macron ?

Le locataire de l’Elysée devra innover, dans le fond comme dans la forme, s’il veut convaincre tous les Français. Le locataire de l’Elysée devra innover, dans le fond comme dans la forme, s’il veut convaincre tous les Français.[Ludovic MARIN / AFP]

À la recherche de la bonne stratégie. Alors qu’il espérait reprendre la main en annonçant, lundi soir, ses arbitrages du grand débat en réponse à la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron a été pris de court par les événements. Tant par l’incendie de Notre-Dame de Paris, qui a bouleversé tout le pays et l’a contraint à reporter ses annonces, que par la fuite dans la presse de son projet d’allocution.

L’Elysée, qui n’a ni confirmé ni démenti le texte, l’avait pourtant gardé secret jusqu’au dernier moment. L’effet de surprise tombant à l’eau, le chef de l’Etat, qui devrait mettre fin au suspense «dans les prochains jours», est aujourd’hui contraint de revoir sa copie pour rebondir. Ou du moins, ne pas décevoir.

L’exécutif au pied du mur

Baisse de l’impôt sur le revenu, disparition de l’Ena, réindexation des retraites sur l’inflation, référendums locaux, suspension des fermetures d’écoles et d’hôpitaux... Qu’elle soit volontaire ou non, la diffusion avant l’heure d’une partie des annonces élyséennes a été à double tranchant pour l’exécutif. Car, si elles ont servi de ballons d’essai pour prendre le pouls de l’opinion, elles obligent le président à devoir surprendre au-delà de ses plans.

Sur le fond, d’abord, en révélant d’autres mesures chocs et plébiscitées, afin de recréer un effet «waouh» – dixit ses proches. De la reconnaissance du vote blanc à la suppression des privilèges des ex-présidents, en passant par des dérogations sur les 80 km/h ou des actes en faveur de l’écologie, absents du premier jet d’annonces, l’Elysée a l’embarras du choix. Mais le risque est de «donner le sentiment que toutes ces décisions sont improvisées, un catalogue sans véritable cohérence», estime le politologue Philippe Moreau-Chevrolet.

C’est aussi sur la forme que le chef de l’Etat devrait jouer pour renforcer l’intérêt populaire. Par exemple, en remplaçant l’allocution solennelle par une longue interview télévisée, les yeux dans les yeux, ou une lettre adressée aux Français, à l’image de celle de mi-janvier. Une stratégie que l’exécutif doit affiner sans attendre, 89 % de la population souhaitant qu’il dévoile ses réponses dès la semaine prochaine.

Et, la pression sur l’Elysée est d’autant plus forte que ses détracteurs se disent, avant même les arbitrages officiels, déjà hostiles. Que ce soit Ingrid Levavasseur, figure des gilets jaunes, qui accuse Emmanuel Macron de «jouer à l’illusionniste» dans une tribune sur Facebook, ou l’opposition, qui fustige un «rafistolage» (LFI) et un «gadget» (LR), regrettant que «le compte ne [soit] pas bon» (RN), tous auront eu un délai d’une semaine pour étayer leurs contre-arguments aux annonces présidentielles. 

Un effet «union nationale» ?

Attendu au tournant, l’Elysée pourrait toutefois bénéficier, malgré lui, d’un effet «union nationale» après la tragédie de Notre-Dame. Comme il l’a évoqué dans son discours au lendemain de l’incendie, le chef de l’Etat veut faire de cette «catastrophe» un gage d’unité des Français. Une cohésion qui serait notamment incarnée, selon lui, par le fait que «des riches comme des moins riches» ont fait des dons pour reconstruire la cathédrale. «L'événement peut créer un réflexe légitimiste, susceptible de relancer la popularité du président. Comme François Hollande après les attentats de 2015, même si ce n’est pas comparable», note Frédéric Dabi, de l’Ifop. Réponse(s) dans quelques jours. 

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