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Le 1er Mai, «journée de l'émeute» en France ?

Un «Black Bloc» lors d'une manifestation à Nantes, le 9 octobre 2018. Un «Black Bloc» lors d'une manifestation à Nantes, le 9 octobre 2018. [© LOIC VENANCE / AFP]

Après les réponses d'Emmanuel Macron au grand débat national, jugées insuffisantes, gilets jaunes et syndicats feront front commun, ce mercredi 1er mai, contre la politique de l'exécutif. Une mobilisation non sans risques, au vu de la crise sociale que traverse le pays depuis six mois.

Alors que la journée internationale des travailleurs est traditionnellement le rendez-vous des syndicats pour défendre les acquis sociaux, cette édition pourrait bien se transformer en une marée bicolore, rouge comme la CGT et jaune comme le gilet. Et, si la journée de samedi dernier a été marquée par une mobilisation en berne, avec 23.600 manifestants à travers tout le pays, c'est parce qu'il y a eu une «baisse pour l'acte XXIV au profit du 1er Mai», selon une source policière. Autrement dit, les opposants ont réservé leurs forces. De quoi prédire un mercredi particulièrement noir.

D'autant plus que, pour cet «acte ultime», un événement Facebook – depuis supprimé – appelle à faire de Paris la «capitale de l'émeute» pour cette Fête du travail. D'autres, plus pacifiques mais tout autant fédérateurs, invitent à un «rassemblement historique pour la démocratie», ou appellent à «fêter» l'anniversaire de l'affaire Benalla, qui avait éclaté le 1er mai 2018. Pas moins de 65.000 manifestants prévoient de s'y rendre, et davantage encore se disent intéressés. De quoi faire craindre aux syndicats des débordements et la présence de «black blocs», ces militants d'extrême gauche adeptes de l'action directe violente qui, depuis des années, évoluent et s'adaptent à l'arsenal sécuritaire des forces de l'ordre.

L'an dernier, déjà, la journée du 1er Mai avait été marquée par une vague de violences contre les policiers et de dégradations de magasins, perpétrées notamment par un cortège de quelque 1.200 «black blocs».

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Un cortège «Black Bloc» le 1er Mai 2018 à Paris © Thomas SAMSON / AFP 

Un test pour le maintien de l'ordre

Pour les forces de l'ordre, tout l'enjeu sera de l'assurer. Le 1er Mai, «on sait bien que les ultras violents, l'ultragauche, mais aussi des ultras jaunes viendront pour casser, et pas seulement à Paris», a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur France Info. Cette journée – celle «de l'apocalypse» selon les réseaux sociaux – devrait être le «véritable test» de la nouvelle doctrine sécuritaire adoptée par les autorités après les épisodes spectaculaires de violences ces derniers mois, selon une source policière.

Au menu de la stratégie : des zones d'interdiction de manifester, des contrôles préventifs, des unités anti-casseurs, un commandement unique, l'utilisation de drones... Mais également un recours massif à des policiers à moto, comme pour l'acte XXIV de samedi dernier. «La doctrine [du maintien de l'ordre] sera durcie. Dès que les black blocs se constituent, dès le début nous intervenons», a rappelé la semaine dernière le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez. Par prévention, sur ordre du préfet de police Didier Lallement, tous les établissements installés sur le parcours du cortège intersyndical devront être fermés le temps de la manifestation, de 6h à 20h.

vers une confluence des luttes ?

Côté syndical, le temps est aussi à la préparation pour manifester en toute sécurité. Car, au sein des services d'ordre, on reconnaît que la présence de «black blocs» peut engendrer des difficultés. «Quand les flics commencent à lancer des lacrymos, les 'black blocs' veulent rentrer dans le cortège. Mais certains sont repérés, et les CRS viennent les chercher. Sans faire dans la demi-mesure», explique à l'AFP un syndicaliste sous couvert de l'anonymat. «On essaie de protéger les gens qui manifestent, et en même temps on ne va pas donner les 'black blocs' aux flics...», ajoute-t-il. Une équation difficile pour les syndicats, qui espèrent le plus de monde possible dans la rue. Tout en reconnaissant que, pour les ultras, «c'est d'autant plus facile s'il y a du monde».

Dans le cas où les «black blocs» ne contrecarrent pas leurs plans, gilets jaunes et syndicats pourraient bien amorcer, lors de ce 1er Mai, la fameuse convergence des luttes sociales. L'idée n'est pas nouvelle : en février dernier, plusieurs figures des gilets jaunes avaient répondu à l'appel à la grève générale lancé par la CGT, mais l'union avait finalement connu un succès assez limité. Les annonces élyséennes post-grand débat, jugées anecdotiques, auraient-elles changé la donne en unissant le jaune et le rouge dans l'adversité ?

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