En direct
A suivre

Grève des fonctionnaires : les raisons de la colère

«Make our public services great again», dit la pancarte d'un manifestant, le 10 octobre 2018, à Paris. Une référence au slogan «Make our planet great again» de Macron. [© ERIC FEFERBERG / AFP]

Ils promettent que cette journée sera une «étape forte» dans le combat contre un gouvernement qui «fait fi du dialogue social». L'ensemble des syndicats de la fonction publique appelle à une grève nationale, ce jeudi 9 mai, contre le projet de réforme du secteur.

Dans un communiqué commun, la CFDT, la CGT, FO, Solidaires ou encore l'Unsa rejettent en bloc le texte de loi, accusé de vouloir aligner le système du public avec les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l'indépendance des agents à l'égard du pouvoir. Le projet de loi prévoit en effet de recourir de façon plus systématique aux contractuels, de favoriser la «mobilité» des agents, ou encore de créer un nouveau type de contrat à durée déterminée – le «contrat de projet» – pour des «missions spécifiques». Une refonte qui s'inscrit dans l'objectif présidentiel de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires d'ici à 2022, sur les 5,5 millions que comptent les trois versants (Etat, hospitalière, territoriale).

Dénonçant un passage en force, les syndicats pointent le décalage entre les récentes revendications des Français et la prochaine réforme du gouvernement, qui sera examinée par le Parlement dès le 13 mai. «Les citoyens dans le grand débat ont dit des choses et plébiscité les services publics. Et on se retrouve avec un gouvernement qui continue, à marche forcée, à présenter son projet de loi alors que tous les indicateurs lui disent que ce n'est pas dans ce sens qu'il faut aller», a déploré Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT. «Le 'en même temps' en permanence, à part rendre fou tout le monde et créer beaucoup d'ambiguïtés, a ses limites», a appuyé Bernadette Groison, du FSU, tandis que Christian Grollier, de FO, a critiqué la surdité d'un «gouvernement anti-fonctionnaires».

Des cortèges rouges et jaunes ?

Et les sondages donnent plutôt raison aux syndicats. Près de six Français sur dix (58%) estiment qu'il faut soit maintenir le nombre de fonctionnaires à son niveau actuel (37%), soit l'augmenter (21%), selon un sondage Odoxa publié la semaine dernière. Dans un registre moins comptable, deux tiers des Français (65%) disent avoir une bonne opinion des fonctionnaires, une «cote d'amour [qui] culmine auprès des sympathisants de gauche avec 80% de bonnes opinions».

Dans le contexte social actuel, la fronde syndicale de jeudi pourrait bien être portée par le mouvement des gilets jaunes, mobilisés depuis près de six mois. Si ces derniers n'ont pas prévu d'actions spécifiques avant samedi prochain – le 26e –, le précédent du 1er-Mai, mercredi dernier, a pu amorcer une possible convergence des luttes entre le rouge des drapeaux de la CGT et le jaune fluo des gilets. Car, au-delà de leurs revendications communes (davantage de services publics et de pouvoir d'achat, moins d'injustice fiscale...), un seul et même problème rassemble les deux camps : le sentiment qu'Emmanuel Macron n'a pas vraiment répondu à la colère sociale. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités