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Emmanuel Macron profite d'un sommet européen pour faire campagne

Emmanuel Macron au sommet européen à Sibiu dans le centre de la  Roumanie, le 9 mai 2019 [Octav GANEA / AFP] Emmanuel Macron au sommet européen à Sibiu dans le centre de la Roumanie, le 9 mai 2019 [Octav GANEA / AFP]

A deux semaines des élections européennes, Emmanuel Macron s'est engagé davantage dans la campagne en se posant jeudi en leader du camp de ceux qui «veulent encore construire l'Europe» face à la menace du nationalisme.

Dès son arrivée à Sibiu, la petite ville roumaine qui accueille le sommet européen informel, le président français a résumé l'enjeu : le 26 mai, les 400 millions d'électeurs européens auront à faire «un choix absolument crucial».

Avec, dans l'isoloir, une «alternative très claire» : «est-ce qu'on veut encore construire ensemble l'Europe, même différemment et en améliorant les choses, ou est-ce qu'on veut la déconstruire ou la détruire et revenir au nationalisme?».

Emmanuel Macron redonne ainsi de la vigueur au clivage qu'il avait développé l'an dernier avant de le mettre en sourdine ces derniers mois. A savoir, l'opposition frontale entre les progressistes et les nationalistes, que sont censés représenter en France le parti présidentiel de La République en Marche (LREM) d'un côté, et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen de l'autre.

Au coude à coude dans les sondages, ces deux listes veulent absolument arriver première le 26 mai. Le RN pour en faire un référendum anti-Macron, LREM pour lancer «l'acte II du quinquennat» par une victoire dans les urnes.

«Si LREM fait un mauvais score, la dynamique politique (du quinquennat) sera plus malaisée à mettre en œuvre. Et le poids de la France au sein de l'UE ne sera pas le même», explique-t-on dans l'entourage du président.

«Marketing»

Emmanuel Macron a commencé à s'investir dans la campagne en rendant mardi une visite surprise aux colistiers de la liste LREM conduite par Nathalie Loiseau pour sonner «la mobilisation». Il pourrait s'engager davantage dans les deux prochaines semaines, notamment en participant à un meeting.

La réunion de Sibiu est venue à point nommé pour lui permettre de préciser ses ambitions pour l'Europe. Il a ainsi appelé à «aller plus vite et plus fort» dans «la refondation» de l'Union européenne, dans sa «renaissance», utilisant ainsi le nom de la liste de la majorité. Avec trois priorités: le climat, la «protection de nos frontières» avec la «refondation des accords de Schengen», et la construction du «modèle économique et social de la croissance de demain».

Mais il a surtout insisté sur le premier point, clamant que l'Europe était «essentielle dans le contrat écologique».

Alors qu'il l'avait peu évoquée dans sa conférence de presse au terme du grand débat engagé suite à crise des «gilets jaunes», Emmanuel Macron a multiplié ces derniers jours les déclarations pro-environnementales en recevant des experts de la biodiversité à l'Elysée ou en initiant un texte, signé par huit autres dirigeants européens, qui appelle à faire de la lutte contre le changement climatique «la clef de voûte de l'agenda européen» pour les cinq prochaines années.

Symboliquement, ces neuf dirigeants ont rencontré jeudi sur la grande place de Sibiu, trois jeunes militantes roumaine, belge et allemande ayant fait le déplacement pour leur remettre une lettre signée par 70.000 Européens appelant l'UE à «agir sans attendre» pour la transition écologique, dans la ligne du mouvement initié par la jeune Suédoise Greta Thunberg.

Pour Emmanuel Macron, l'Europe est notamment le bon niveau pour taxer «les grandes entreprises les plus polluantes» car «si on ne le fait qu'en France, elles se déplaceront dans les pays voisins». «On ne fait pas l'écologie dans un seul pays», a également affirmé jeudi Nathalie Loiseau, qui a «verdi» son discours cette semaine.

Mais, contrairement au président français, la plupart des autres dirigeants n'ont guère évoqué le sujet en présentant, à leur arrivée à Sibiu, leurs priorités pour l'UE post-Brexit, citant davantage la compétitivité ou la question migratoire.

En France, la sincérité de la convertion écologique d'Emmanuel Macron est mise en doute par l'opposition, qui dénonce une exploitation électorale.

«On a le sentiment que LREM fait de la politique avec du marketing», a déploré François-Xavier Bellamy, la tête de liste Les Républicains (LR, droite). «Mais je ne crois pas que promettre 1.000 milliards d'euros ou décider qu'on va interdire les voitures à essence dans des horizons qui sont si peu réalistes ait un quelconque sens».

Pour Yannick Jadot, tête de liste d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), le positionnement écologique d'Emmanuel Macron n'est «pas sérieux» lorsque sont pris en compte ses oublis sur ce sujet «en permanence» lors de ses «conférences de presse».

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