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CGT : les nouveaux défis de Philippe Martinez

S'il est assuré d'être réélu, Philippe Martinez ressort néanmoins fragilisé par ses premières années à la tête de la CGT [Thomas SAMSON / AFP]

Il est le seul candidat à sa succession. A l'occasion du 53e congrès de la Confédération générale du travail (CGT), réunis à Dijon du 13 au 17 mai, Philippe Martinez est quasiment certain d'être reconduit à la tête du syndicat.

Au bout des quatre années de son premier mandat, marquées par une chute des adhérents et un dialogue quasi-coupé avec l'exécutif, l'infaillible contestataire doit néanmoins se confronter à son bilan mitigé. 

Conserver ses adhérents 

Si la centrale de Montreuil reste le syndicat privilégié de la fonction publique, le quasi-monopole dont elle pouvait autrefois se targuer dans ses bastions comme la SNCF est désormais bien enterré. Philippe Martinez devra ainsi répondre devant ses militants réunis cette semaine à Dijon des 40 000 adhérents perdus depuis sa prise de fonction, en 2015.

Depuis décembre 2018, la CGT a même été rétrogradée deuxième syndicat de France, perdant sa place historique de numéro un au profit de la CFDT. D'après les derniers chiffres, obtenus en 2017, 653 194 personnes sont syndiquées à la CGT, contre 679 623 adhérents en 2014.

mobiliser face aux gilets jaunes

Face à la puissance de la contestation des gilets jaunes, la CGT, à l'image de l'ensemble des formations syndicales, semble plus qu'inaudible sur la scène sociale. Presque invisible.

Les manifestations du 1er mai en ont été le meilleur exemple : les revendications syndicales ont largement été éclipsées par un défilé ponctué par les débordements et les heurts avec la police. Coincé entre des black blocs et des tirs de grenades lacrymogènes, Philippe Martinez a même dû être exfiltré du cortège, illustrant l'impuissance du syndicat et sa perte de contrôle dans l'organisation du défilé. 

D'autant plus que ce dernier entretient une relation ambivalente avec le vaste mouvement de contestation depuis ses débuts. L'ancien métallo avait d'abord refusé tout rapprochement cet hiver, jugeant «impossible d'imaginer la CGT défiler à côté du Front National», avant d'initier une mobilisation conjointe en février. Il a fini par refuser de s'associer à un nouvel appel commun fin avril, pourtant organisé par des syndicats CGT. 

Continuer à Peser sur la scène sociale 

Pour Philippe Martinez, il est toujours impossible de travailler avec l'actuel gouvernement. Dans sa dernière interview au Parisien, le leader syndical le réaffirme : «Ce n'est pas nous qui avons retiré le mot négociation, c'est le gouvernement qui ne veut plus négocier mais "concerter". La méthode Macron c'est : je consulte mais je décide seul.» 

Malgré ses coups de gueules remarqués, le leader de la CGT s'est en effet régulièrement mis «hors jeu» dans les négociations. En quatre ans, l'action des syndicats s'est révélée peu efficace sur les grands dossiers de contestation, échouant à abroger la loi travail sous François Hollande, impuissant sur les ordonnances réformant le Code du travail en 2017 comme sur la réforme de la SNCF l'année dernière. 

D'autant plus face aux 17 milliards d'euros - hausse prime d’activité, baisses d’impôts, fin de la désindexation des retraites de moins de 2 000 euros, arrêt de la suppression des 120 000 postes de fonctionnaires etc - obtenus par les gilets jaunes en «seulement» six mois d'existence. 

Rassembler les troupes

Malgré sa figure d'éternel contestataire, une partie des trentre-trois fédérations cégétistes ont commencé à contester le secrétaire général de la confédération, notamment l'aile radicale, celle qui lui avait offert sa réélection en 2016. «Trop mou», «trop réformiste» : Philippe Martinez est désormais sous la pression de sa propre famille, dont une partie est même prête à revenir dans le giron communiste (dont la CGT s'était extraie en 1995). 

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