Comme un sentiment de défaite assuré. Dans l'organisation de la soirée électorale de La République En Marche, rien ne laissait présager un espoir de victoire.
Le lieu déjà. Loin de la salle Porte de Versailles et du Louvre, loués pour les premiers et seconds tours de l'élection présidentielle en 2017, le mouvement a choisi l'une des petites salles de la Maison de la Mutualité à Paris, pouvant accueillir bien moins de personnes.
On passe la soirée à la Maison de la Mutualité, QG de @enmarchefr ce soir, pour suivre les #Europennes2019. Et au vu du choix de la salle, plutôt petite, on ne s'attend pas à une grande fête... Surtout quand on sait qu'une immense salle est disponible un étage plus bas. @CNEWS pic.twitter.com/9BlEXk8jaa
— Anthony Audureau (@Antho_ADR) 26 mai 2019
L'ambiance, elle non plus, ne détrompe pas cette impression. Les nombreux drapeaux et t-shirts prévus pour les militants peinent à trouver preneurs. Pas de grands sourires ni de musique pour chauffer la salle... Malgré les chiffres surprises de la participation, l'espoir semble bien maigre tant chez les militants que chez l'encadrement de La République En Marche (LREM).
Des réactions mitigés chez LREM
À l'annonce des résultats, voyant que la liste menée par Nathalie Loiseau récolte 21,9%, soit moins que les 23,2% du Rassemblement National (RN), un murmure parcourt la salle, mais la surprise n'est pas présente. Au nom de Nathalie Loiseau, les militants ont malgré tout applaudi et chanté quelques minutes. L'entourage de l'équipe de campagne parle elle de «bon score», assurant qu'en décembre 2018, en plein mouvement des gilets jaunes, personne n'imaginait un tel résultat. D'autant que, comme Édouard Philippe l'a expliqué, le score s'approche de celui du premier tour de l'élection présidentielle.
Côté militants, assez jeunes à la Maison de la Mutualité, si l'on tente de donner le change, cet optimisme n'est pas forcément partagé. Tristan, 22 ans, parlait lui de «frustration» plus que de déception, quelques minutes avant les résultats officiels, après une campagne qu'il estime réussie. «C'est vrai que l'ambiance n'est pas exceptionnelle, mais après les sondages une semaine avant le scrutin et même ces derniers jours, l'on craignait une vraie déroute», souffle de soulagement Nina, 26 ans. Elle regrette cependant de la victoire du Rassemblement National, quand les autres partis nationalistes européens semblent reculer légèrement en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Autriche.
Pour le parti présidentiel, les têtes vont désormais se focaliser sur les réformes à venir, nombreuses, qui pourraient être compliquées par ce résultat décevant. D'autant qu'après avoir défendu corps et âmes l'Union Européenne, voir le RN à ce point en avance va porter un coup au message de la majorité, et Emmanuel Macron risque de voir sa légitimité affaiblie.
C'est d'ailleurs ce qui semble transpirer du discours d'Édouard Philippe en milieu de soirée, qui prend «les résultats avec humilité. Quand on est deuxième, on ne peut pas dire que l'on a gagné». Dans son discours, le Premier ministre affirme que le message des Français qui ont voté pour les extrêmes a été «reçu cinq sur cinq», en mettant l'accent sur l'écologie.
Silence exigé quand @EPhilippePM s'exprime et applaudissements quand il nomme @NathalieLoiseau. Le PM assure qu'il y a beaucoup de travail et qu'il accueille les résultats avec humilité. #Europeennes2019 @cnews
— Anthony Audureau (@Antho_ADR) 26 mai 2019
Nathalie Loiseau, qui a pris la parole quelques minutes après Édouard Philippe, est restée simple, en usant d'un bon nombre d'éléments de langages. Mettant l'accent sur un score qui lui semble bon, tout en prenant note celui du RN, elle a assuré que «la voix de la France» allait «de nouveau peser au Parlement Européen». La tête de liste a ensuite quitté le pupitre après un discours des plus brefs, sous les chants de ses militants, qui se sont rapidement estompés.
Si quelques personnalités politiques se sont rendu en fin de soirée saluer les militants, comme Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des finances, la soirée s'est rapidement terminée. Entre 100 et 200 militants étaient toujours sur place à discuter des résultats une heure après le discours de leur militante, analysant les discours des différentes têtes de liste. Avec toujours comme mots d'ordre : «soulagement», «déception» et cette phrase, répété à plusieurs reprises : «ce n'est pas une victoire, mais c'est un succès».