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Après les européennes, quel avenir pour Les Républicains ?

Le parti menacé de disparition, son président Laurent Wauquiez sous forte pression, débats houleux sur la ligne à adopter... Après leur débâcle aux élections européennes, Les Républicains sont confrontés à un défi de taille : renaître ou disparaître.

Historique a été la déroute. Arrivée quatrième au soir du premier tour, la liste LR portée par le conservateur François-Xavier Bellamy a subi un revers cuisant dans la plupart de ses bastions, n'arrivant en tête dans aucun département. Tombant à 8,5 % des voix, bien loin des 20 % de François Fillon à la présidentielle, elle atteint son score le plus bas sous la Ve République. Et même inférieur aux 12,84 % réalisés par Nicolas Sarkozy aux européennes de 1999 – ce que n'a pas manqué de rappeler l'ex-président.

L'épine LREM

La cause de ce crash ? Principalement le siphonage des électeurs de droite par LREM, dans un contexte de duel annoncé entre le parti présidentiel et le RN. «La plus grande porosité vient de ces électeurs», assure Frédéric Dabi, de l'Ifop. «On a une droite qui est prise en étau, dans l'amplification du big bang électoral de l'élection présidentielle [...] Il y a eu une sorte de vote utile ou efficace d'électeurs de centre-droit soutenant Emmanuel Macron et Édouard Philippe, qui sont aussi attachés à l'ordre et au crédo européen que LR.»

Comme pour confirmer que les digues ont sauté, le ministre LREM transfuge de LR Gérald Darmanin appelle aujourd'hui «tous les électeurs de droite, tous les élus locaux de droite à rejoindre le président de la République», tandis qu'un autre ancien de LR, Bruno Le Maire, propose de «reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre» hors de LR, jugeant que la droite républicaine «a disparu depuis longtemps».

«Nous nous sommes trompés de stratégie»

La pression est donc maximale sur les épaules du patron du parti Laurent Wauquiez, souvent critiqué depuis son élection en décembre 2017 pour sa ligne droitière et sa présidence jugée «solitaire». Première à sonner la charge, la présidente de la région IDF Valérie Pécresse, qui a déclaré lundi matin qu'à sa place, elle démissionnerait de la présidence de LR. Rester serait un «déni de réalité», a renchéri une ténor, Florence Portelli.

Depuis, les langues ne cessent de se délier, entre propositions et mea culpa : la droite doit «se déringardiser d'urgence» et «abandonner son conservatisme sociétal» (Geoffroy Didier, secrétaire général délégué) ; le «rejet massif» de Laurent Wauquiez est «intenable» (Jean-François Copé, ancien ministre) ; «nous nous sommes trompés de stratégie» (Claude Goasguen, député) ; il faut «être plus en phase sur les questions sociétales» (Eric Ciotti, député) ; sinon «le risque c'est la disparition» (Bruno Retailleau, sénateur)...

De quoi pousser Laurent Wauquiez à proposer, lors d'un bureau politique organisé d'urgence au lendemain des européennes, des «états généraux« du parti «à la rentrée», afin de «tout remettre à plat» – «les valeurs, le projet, le fonctionnement et la stratégie d'alliance» – mais surtout endiguer les appels plus ou moins explicites à sa démission. «Chaque sensibilité devra pouvoir s'exprimer à cette occasion. L'organisation doit être collégiale», a-t-il ainsi assuré pour rassurer.

Gérard Larcher à l'offensive

Mais, au-delà de la ligne idéologique, c'est d'abord la question de la gouvernance du parti – et de la désignation du candidat à la présidentielle – qui devrait se poser dans les prochaines semaines. Si le président de LR ne compte a priori pas quitter son poste, avec l'espoir d'une remontada d'ici à 2022, l'initiative individuelle de Gérard Larcher pourrait calmer ses ardeurs.

Le président du Sénat, qui n'a pas assisté au bureau politique lancé par Wauquiez, est passé à l'offensive, mardi, en lançant une «démarche» – «en dehors des partis, pas contre les partis», selon son entourage – pour «reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre». Une entreprise de rénovation qui commencera dès «la semaine prochaine».

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