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Prix des carburants : la flambée va-t-elle continuer ?

La flambée des prix du gazole et de l'essence, devraient s'atténuer dans les mois à venir [BENJAMIN CREMEL / AFP]
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Quelques centimes en plus, chaque semaine. Depuis janvier 2019, les prix du carburant sont repartis à la hausse. Mais la flambée devrait bientôt s'estomper.

La courbe s'est en effet inversée depuis 2019. Après une baisse des prix cet hiver, les derniers chiffres officiels, fournis lundi comme chaque semaine par le ministère de la Transition écologique et solidaire, ne font que confirmer une tendance à la hausse des tarifs, observée depuis le début de l'année 2019. 

Le litre de gazole était en effet vendu en moyenne 1,38 euro dans les stations-services françaises au 4 janvier. Aujourd'hui, son prix atteint 1,59 euro, soit 21 centimes de plus. Idem pour l'essence, qui augmente de 83 centimes en cinq mois. 

Alors, comment expliquer cette croissance des prix et est-ce que cela risque de durer ces prochains mois ? 

Avec des stocks de pétrole stabilisés par les géants de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), un taux de change fixe entre l'euro et le dollar et des taxations françaises inchangées, les prix de l'essence et du gazole en France devraient se maintenir dans la fourchette haute des tarifs actuels dans les prochains mois. 

Un cours sensible aux tensions internationales

Si on tourne les yeux vers le cours du baril de pétrole, rien de très surprenant : le prix du baril de Brent a augmenté de 20 dollars entre janvier et mai (de 51 à 70 dollars), avec un pic à 75 dollars le baril à la fin du mois d'avril. Mécaniquement, plus les tarifs du pétrole brut augmentent, plus le prix du carburant est élevé.

Or, signe rassurant pour les consommateurs français, le cours se stabilise depuis quelques jours, et ce, malgré les tensions entre les gros producteurs. Les conflits internationaux influent en effet grandement sur le prix du baril, particulièrement volatil, avec des conséquences directes sur des consommateurs de l'autre bout du monde.

En mai, les Etats-Unis ont effet édicté de nouvelles sanctions contre le Venezuela, mais surtout contre l'Iran. Une manière de contraindre le pays - 4e plus importante réserve de pétrole au monde - à reprendre les négociations sur l'arrêt de son programme nucléaire.

«L'idée de Washington est de réduire à zéro les exportations iraniennes», explique Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjectures économiques (OFCE) de Science Po. Ca priverait le marché d'environ trois millions de barils.» Or, moins il y a de pétrole mis sur le marché, plus le prix du baril augmente. Et le carburant français aussi. 

Mais la spécialiste des marchés financiers rassure : «L'Arabie saoudite, et plus largement les pays de l'OPEP, Arabie saoudite et Emirats Arabes Unis en tête, avaient annoncé qu'il compenserait ce manque à gagner», pointe Céline Antonin.

Dans ce cas de figure, où la perte de stocks de pétrole iranien est contrebalancée par un apport des gros producteurs pétroliers, le stock de pétrole disponible restera stable, l'impact sur les cours donc modéré, et la flambée à la pompe évitée. 

Euro faible et taxes 

Autre facteur à prendre en compte : le taux de change entre l'euro et le dollar, particulièrement défavorable. Depuis quelques mois, la faiblesse de la monnaie européenne pénalise mécaniquement la France et ses voisins dans ses achats de produits énergétiques, en particulier ses importations de pétrole. De ce côté, les prévisions des économistes tendent plutôt vers «un taux de change qui resterait fixe», rappelle Céline Antonin. 

Enfin, la taxation française sur les carburants ne devrait pas non plus alourdir la note. Elles se divisent en deux principaux prélèvements : d'un côté, la TVA, de l'autre la TICPE - taxe intérieur de consommation sur les produits énergétiques.

Or, depuis que le gouvernement a annulé, sous la pression du mouvement des gilets jaunes, l'augmentation de la taxe carbone (généralement inclue dans la TICPE), aucun alourdissement de la taxation française n'a été annoncé.

Le cours du pétrole reste néanmoins très volatile et la stratégie des grandes puissance encore imprévisibles, comme le nuance l'économiste. «Malgré ce qu'ils ont annoncé, on n'est jamais à l'abri de voir les pays de l'OPEP se réjouir d'un prix plus élevé.»

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