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60 Millions de consommateurs a passé au crible 130 produits bio et dénonce un secteur «loin d'être sans failles»

Certains produits contiennent plus de polluants en bio que leurs homologues conventionnels. [Photo d'illustration / Loïc Venance / AFP].
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Des denrées pas si vertes. Le secteur bio est «loin d'être sans failles», avertit, ce mercredi 5 juin, le magazine 60 Millions de consommateurs, après un banc d'essai de 130 produits, dont certains apparaîssent parfois plus pollués que leurs équivalents conventionnels.

Déplorant tout d'abord qu'un produit arborant le label AB coûte bien plus cher qu'un produit standard, le hors-série de l'été dénonce «l'argument marketing de poids» qu'est devenu le précieux sésame.

«A l'heure où les scandales alimentaires s'enchaînent, le logo fait figure de Graal», souligne la rédactrice adjointe du magazine, Christelle Pangrazzi, qui pointe toutefois plusieurs dérives, comme l'exploitation de travailleurs immigrés dans les champs ou l'utilisation de l'huile de palme, autorisée malgré le fait que sa culture participe à la déforestation.

Or, ajoute-t-elle, «en optant pour le bio, le consommateur devrait avoir la garantie d'acheter responsable d'un point de vue aussi bien nutritionnel qu'écologique ou éthique».

des dérives constatées

Parmi les 130 produits testés par le magazine : le lait, le muesli, la pâte à tartiner, les pommes, mais aussi le vin, la viande ou le poisson.

Ainsi, certains œufs et laits contiennent plus de polluants en bio que leurs homologues conventionnels, ou bien encore des huiles d'olive bio recèlent des plastifiants, notamment des phtalates.

Enfin, précise le magazine, «gâteaux, pâtes à tartiner ou plats préparés bio renferment tout autant de sucres, de gras et de sel que des produits non-bio».

Des points à améliorer

Le magazine, édité par l'Institut national de la consommation (INC), pointe également plusieurs points à améliorer : l'utilisation des engrais et pesticides, l'exploitation intensive, l'impact carbone négatif des fruits hors-saison, la vente sous plastique de certains fruits et légumes bio etc.

En outre, ajoute le hors-série, «rien n'interdit à l'agriculteur (bio) de s'installer sur un sol contaminé ou à proximité d'une source de pollution (dioxines, PCB)».

Une assertion que la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB) a relevé mercredi matin : «alors que le label bio impose aux paysans et paysannes des exigences fortes de production, leurs animaux, leurs fruits, leurs légumes sont exposés à la pollution qui nous entoure, plus que des animaux élevés en batterie ou des fruits et légumes hors sol», indique t-elle dans une déclaration.

«La lutte contre la pollution de l'air, des sols et de l'eau doit devenir une priorité du gouvernement pour nous assurer à tous un environnement sain et durable».

«Ce n'est pas aux paysans et paysannes biologiques de faire les frais de la pollution générée par d'autres, le principe pollueur-payeur doit s'appliquer», explique Guillaume Riou, président de la FNAB cité dans le texte, qui, par ailleurs, ne répond pas aux autres critiques de 60 Millions de consommateurs.

Enfin, le magazine rappelle que «manger exclusivement bio est une utopie, pour des raisons économiques, mais aussi parce que toutes les denrées ne sont pas disponibles».

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