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Canicule: la France suffoque encore, après le record de température

Des habitants se rafraîchissent sur une place du centre-ville de Strasbourg, le 28 juin 2019 [PATRICK HERTZOG / AFP] Des habitants se rafraîchissent sur une place du centre-ville de Strasbourg, le 28 juin 2019 [PATRICK HERTZOG / AFP]

Une bonne partie de la France va encore suffoquer samedi, au sixième jour d'une canicule exceptionnelle où le mercure a frôlé les 46° dans le Midi, un record, et qui a favorisé des départs de feux.

Les très fortes chaleurs venues du Sahara remontent samedi vers le nord du pays, et la région parisienne connaîtra son jour le plus torride de la semaine, prévoit Météo France qui annonce «une journée très chaude sur une large bande centrale" du pays.

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L'institut, qui a placé en vigilance rouge canicule quatre départements du Sud (Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault et Vaucluse), attend localement 40°C dans l'arrière-pays méditerranéen. La chaleur s'accentuera sur le reste du pays avec «34 à 40 degrés sur la plupart des régions, parfois 41 à 42 degrés à l'ombre dans le centre», selon Météo France, qui a maintenu la vigilance orange pour 75 départements.

Les pointes bretonne et du Cotentin échapperont complètement à la chaleur avec des températures plafonnant à 20 et 19 degrés samedi après-midi. Et dans d'autres endroits comme la façade atlantique, les températures seront relativement clémentes.

Pour ce week-end, qui coïncide avec les premiers départs en vacances, la ministre des Transports Elisabeth Borne a incité ceux qui le peuvent à «décaler leurs déplacements» en voiture comme en train, les voies ferrées ayant été mises à l'épreuve par le pic de chaleur.

Partie de ballon dans la fontaine du Trocadéro à Paris le 28 juin 2019<br />
 [Zakaria ABDELKAFI / AFP]
Partie de ballon dans la fontaine du Trocadéro à Paris le 28 juin 2019

D'autant que sur une large partie du pays, la canicule s'accompagne d'une pollution à l'ozone irritante pour les poumons: les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes et le Var sont passés au niveau maximal d'alerte, comme les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.

A Lyon, Grenoble, comme à Marseille et Paris la circulation différenciée – qui interdit le trafic aux véhicules les plus anciens – a été instaurée pour tenter de lutter contre ce phénomène.

Vallée de la Mort

Le mercure s'est envolé vendredi, avec un record absolu enregistré à Gallargues-le-Montueux (Gard): 45,9°C à 16H00. Il pulvérise le précédent record de 44,1° enregistré à Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le même département, qui datait d'août 2003 lorsque la canicule avait fait 15.000 morts.

Record de chaleur battu à Carpentras, dans le Vaucluse, le 28 juin 2019 [Patrick VALASSERIS / AFP]
Record de chaleur battu à Carpentras, dans le Vaucluse, le 28 juin 2019

«C'est une première en France depuis que l'on fait des mesures de températures (vers le début du XXe siècle, ndlr). La barre des 45°C a été franchie pour la première fois», a commenté Météo-France, comparant ce niveau à celui «que l'on atteint lors d'une journée d'août normale dans la Vallée de la Mort» en Californie.

Au-delà des valeurs extrêmes enregistrées dans les autres départements en vigilance rouge, ainsi que dans le Var, à plus de 44°, quasi tout l'Hexagone a sué. Il a fait 33° à Paris et à Troyes, 35° à Mâcon, ou encore 38° à Nevers.

Comme le redoutaient les autorités, la chaleur intense a favorisé le départ de feux de végétation dans le Sud. A 22H00 vendredi, une trentaine de feux étaient encore actifs, presque tous dans le Gard, avec quelque 300 hectares parcourus au total.

Des maisons ont brûlé dans différentes localités, une usine a pris feu à Sorgues (Vaucluse), et l'autoroute A54 entre Nîmes et Arles (Bouches-du-Rhône) était encore coupée dans un sens en soirée en raison d'un incendie.

L'après-midi, la chaleur avait vidé les rues et les terrasses. «On ne sait plus quoi faire, on ne peut pas rester dans le camping-car avec le moteur et la clim toute la journée», se désespérait Matthew Crawford, venu à Villevieille, avec sa compagne depuis les Cornouailles: «On voulait du soleil et de la chaleur mais franchement là, c'est insupportable!". Cette cité du Gard a détenu quelques minutes le record de chaleur, à 45,1°.

La plage de la Grande Motte, dans l'Hérault, le 28 juin 2019 [Pascal GUYOT / AFP]
La plage de la Grande Motte, dans l'Hérault, le 28 juin 2019

Face à ces circonstances exceptionnelles, les autorités ont multiplié les messages de prudence, au delà des seules personnes fragiles: la ministre de la Santé Agnès Buzyn a appelé à éviter «tout effort inutile».

«Nous ne gérons pas une crise exceptionnelle, nous gérons un phénomène qui va se reproduire» en raison du changement climatique, a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, à Marseille. Les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.

A Paris, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi sur l'énergie et le climat qui décrète «l'urgence écologique et climatique» et prévoit d'atteindre la «neutralité carbone" à l'horizon 2050.

Une politique trop peu ambitieuse, selon le Haut conseil pour le climat (HCC) mis en place par Emmanuel Macron, des ONG, ou les quelque 150 militants de Youth for climate, Fridays for Future Germany (FFFG) et d'Extinction Rebellion, qui ont manifesté plusieurs heures devant l'Elysée.

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