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Bac : les critiques persistent au premier jour des oraux de rattrapage

Un élève découvre ses résultats au bac à Paris [MARTIN BUREAU / AFP/Archives] Un élève découvre ses résultats au bac à Paris [MARTIN BUREAU / AFP/Archives]

Délibérations de jurys «houleuses», élèves «stressés», «notes inventées»... Au premier jour des oraux de rattrapage du baccalauréat lundi, des professeurs dénoncent un examen «entaché d'irrégularités».

«Le plus révélateur est peut-être cet élève absent à son épreuve d'histoire-géographie le jour J, mais dont le professeur gréviste n'a pas vu qu'il ne s'est pas présenté et qui au final se retrouve avec une note de 12/20 pour une épreuve qu'il n'a jamais passée», témoigne, abasourdi, Mickaël, professeur de sciences économiques et sociales en Seine-Saint-Denis.

Face à la grève des correcteurs opposés à sa réforme du bac, le ministre de l'Education avait mis en place une «solution technique» : en cas de notes manquantes, celles du contrôle continu ont été prises en compte. Et si la note du bac s'avère finalement meilleure, c'est celle-là qui sera conservée.

«Certes on a entériné la manœuvre de Jean-Michel Blanquer de prendre la meilleure note mais attention, on reste en désaccord avec son bidouillage car au final, on a un bac entaché d'irrégularités, et dont la valeur est remise en question», assène Mickaël, membre d'un jury pour les épreuves de rattrapage.

«Sans parler du stress engendré pour certains élèves à qui on va demander de revenir mardi passer les oraux de rattrapage car ils n'ont pas pu se tenir lundi», regrette-t-il.

D'autres, en revanche, plus chanceux, apprennent lundi qu'ils n'ont pas à passer les rattrapages car leur note de copie est meilleure que le contrôle continu.

Cette année, 103.000 candidats ayant obtenu une moyenne comprise entre 8 et 10 à l'écrit sont concernés par ces oraux, qui se tiennent de lundi à mercredi inclus.

Les académies de Créteil, Versailles et Montpellier ont été notamment concernées par l'absence de copies pour ce bac 2019 qui totalise 175.000 correcteurs.

«Saisie des notes précipitée»

«Nous remettons aujourd'hui les copies car nous avons le sentiment d'avoir gagné», a déclaré William, un des correcteurs grévistes, enseignant en lycée à Montpellier. «En voulant absolument publier les résultats du bac, le ministre Blanquer a commis de graves fautes sur le plan juridique par ses mauvaises décisions politiques», dénonce le prof.

Maxime, professeur de sciences et vie de la terre à Créteil cite, lui, l'exemple d'«un élève qui a eu 5/20 au bac, sa vraie note. Or il a bénéficié d'une note 'inventée' de 15/20 ne correspondant même pas à sa note de contrôle continu sur l'année mais à la saisie précipitée d'une secrétaire par manque de temps», relate-t-il auprès de l'AFP.

Autre exemple: «dans la précipitation de la saisie, les notes de deux élèves ont été inversées pour deux élèves en sciences-éco. L'une avait 6/20 et l'autre 19/20», raconte Mickaël. «Au final, les deux élèves ont 19/20 puisqu'on ne pénalise pas les élèves», poursuit-il.

Dans l'académie de Créteil, c'est cette fois «le président qui a délibéré tout seul, prenant lundi la décision de mettre des points en plus ou non aux candidats», témoigne un professeur de STMG (une filière technologique), souhaitant rester anonyme.

Marion, professeur de philosophie à Versailles ne se remet pas «des délibérations houleuses» auxquelles elle a assisté dans la matinée.

«Il a parfois fallu batailler très durement et très longuement pour que soit reconnu le fait que des élèves n'avaient pas pu objectivement choisir les matières à présenter au rattrapage, n'ayant pas eu leur note d'examen avant les oraux», ajoute-t-elle.

Beaucoup de correcteurs grévistes évoquent «l'après», avec «des recours potentiels d'élèves ou de parents d'élèves fondés sur la 'rupture d'égalité de traitement'».

Contacté par l'AFP, le président de la fédération des parents d'élèves FCPE, Rodrigo Arenas, a expliqué «accompagner les nombreux parents d'élèves qui s'interrogent sur le bien-fondé d'un recours».

«Nous travaillons avec le syndicat des avocats de France (SAF) pour mettre en place un numéro d'appel à destination des familles», assure-t-il, regrettant au passage les propos d'Emmanuel Macron dimanche sur la «prise en otage des enseignants» qui n'ont fait selon lui que «mettre de l'huile sur le feu».

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