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Paris, Marseille, Lyon : comment fonctionnent les élections municipales dans ces villes ?

Des «mini-éléctions» ont lieu dans chacun des arrondissements. [© CC BY-SA 2.0 fr / JEFF PACHOUD / AFP / BORIS HORVAT / AFP]

Lors des élections municipales prévues les 15 et 22 mars 2020, les maires de Paris, Marseille et Lyon seront désignés avec un mode de scrutin bien particulier, au suffrage universel indirect. Unique en France, il peut parfois entraîner des situations surprenantes. Explications.

Les élections municipales dans les trois plus grandes villes de France sont encadrées par la «loi PLM» (Paris, Lyon, Marseille), qui a été adoptée en 1982. Celle-ci s'appuie sur les arrondissements – ou «secteurs», à Marseille – qui divisent ces trois métropoles.

Des «mini-élections» par arrondissement

Concrètement, on ne vote pas au niveau de la commune. En réalité, c'est une «mini-élection» qui a lieu dans chaque arrondissement, pour désigner des conseillers d'arrondissement, qui désignent ensuite leur maire d'arrondissement. Un candidat doit obtenir au moins 10 % au premier tour afin de pouvoir se maintenir au second.

Ensuite, les maires sont choisis à la proportionnelle avec prime majoritaire, c'est-à-dire que la liste qui arrive en tête obtient d'office la moitié des sièges. Les 50 % restants sont partagés proportionnellement entre toutes les listes, y compris celle arrivée en tête.

Exemple : dans un arrondissement disposant de 20 sièges, si une liste «X» s'impose au second tour contre une liste «Y» avec 51 % des voix, elle gagne déjà la moitié des sièges (donc 10). Les 10 restants sont ensuite répartis à la proportionnelle. Ainsi, la liste «X» obtiendra 5 sièges supplémentaires, soit 15 au total, contre seulement 5 pour la liste «Y».

Enfin, le tiers des conseillers d'arrondissement (qui a reçu le plus de votes) siège au conseil municipale de la ville. Ce sont ces conseillers municipaux qui se réunissent pour désigner le ou la futur(e) maire, lors de ce qui est appelé le «troisième tour», généralement la semaine après le second tour.

A Paris, le vote a lieu à la majorité absolue (à la moitié des voix plus une), ce qui signifie qu'il faut obtenir le soutien d'au moins 82 conseillers, sur 163.

Tous les secteurs ne se valent pas

Avis aux stratèges : tous les arrondissements ou secteurs n'ont pas le même poids. Plus ils sont peuplés, plus ils envoient d'élus au conseil municipal. Par exemple, dans la capitale, le 15e arrondissement – qui dispose du plus grand nombre d'habitants – élit 18 conseillers de Paris, sur 163 au total. Les arrondissements du nord-est sont aussi très importants, car ils désignent 15 (pour le 18e) et 14 (pour les 19e et 20e) conseillers municipaux.

D'ailleurs, la prochaine fusion administrative des quatre premiers arrondissements de Paris – qui entrera en vigueur pour ces municipales 2020 – a en partie été justifiée par le manque de résidants, donc d'élus, et par là-même de poids dans la représentativité parisienne.

Un système de scrutin contesté

Similaire aux présidentielles américaines, ce type d'élection par des grands électeurs est régulièrement la cible des critiques. En effet, en étant la somme de victoires locales, il peut permettre la désignation d'un maire majoritaire en secteurs remportés mais minoritaire en voix totales.

Cela a notamment été le cas pour le créateur de cette loi PLM, Gaston Defferre, alors ministre de l'Intérieur, qui a ainsi été réélu en 1983 à la mairie de Marseille. Par la suite, en 2001, Bertrand Delanoë et Gérard Collomb sont tous les deux arrivés à la tête de Paris et de Lyon de cette manière. Idem pour Anne Hidalgo dans la capitale en 2014.

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