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Roumanie : le chef de la police limogé après le meurtre sordide d'une jeune fille kidnappée

Veillée le 27 juillet 2019 à Bucarest en mémoire d'Alexandra, une fillette dont l'enlèvement et le meurtre ont profondément ému le pays provoquant le limogeage du chef de la police [Daniel MIHAILESCU / AFP] Veillée le 27 juillet 2019 à Bucarest en mémoire d'Alexandra, une fillette dont l'enlèvement et le meurtre ont profondément ému le pays provoquant le limogeage du chef de la police [Daniel MIHAILESCU / AFP]

Le chef de la police roumaine Ioan Buda a été limogé par le ministre de l'Intérieur après une série de bourdes de ses subordonnés qui n'ont pas réussi à sauver la vie d'une fillette enlevée, une affaire ayant profondément ému la Roumanie.

Un suspect a été placé en détention provisoire pour 30 jours samedi, a annoncé le parquet, tandis que les enquêteurs fouillaient toujours la maison et le jardin de cet homme âgé de 65 ans.

Alexandra, 15 ans, avait été enlevée mercredi par le chauffeur d'une voiture pendant qu'elle faisait de l'autostop pour rentrer chez elle, à Dobrosloveni (sud), a expliqué la police. Jeudi matin, elle était parvenue à appeler trois fois le numéro d'urgence 112 et avait donné aux policiers des indices quant à l'endroit où elle était séquestrée.

«Il arrive, il arrive», avait-elle crié, avant que la communication ne s'interrompe, a confié M. Buda aux journalistes.

Veillée le 27 juillet 2019 à Bucarest en mémoire d'Alexandra, une fillette dont l'enlèvement et le meurtre ont profondément ému le pays provoquant le limogeage du chef de la police [Daniel MIHAILESCU / AFP]
Veillée le 27 juillet 2019 à Bucarest en mémoire d'Alexandra, une fillette dont l'enlèvement et le meurtre ont profondément ému le pays provoquant le limogeage du chef de la police.

Selon des membres de sa famille, la police a pris à la légère cette affaire et n'est intervenue que très tardivement.

Après avoir effectué des perquisitions à trois adresses erronées, les policiers ont enfin localisé la maison décrite par l'adolescente, plus de douze heures après ses coups de fil. Ils ont ensuite demandé un mandat de perquisition et attendu l'aube avant d'entrer dans ce domicile, invoquant des contraintes légales, alors qu'il s'agissait d'une urgence ne rendant pas ces précautions nécessaires. Dix-neuf heures s'étaient écoulées depuis la dernière communication avec Alexandra.

Entre temps, le suspect avait pris soin d’effacer ses traces. Il a tué la jeune fille, l’a découpée en morceaux et tenté de dissoudre les os dans l’acide. Des «restes humains» partiellement calcinés, dont des dents, ainsi que des bijoux ayant appartenu à l'adolescente ont été découverts dans un fût en tôle derrière la maison du suspect, a fait savoir la police.

Interrogé pendant plusieurs heures, l'homme a clamé son innocence, assurant n'avoir jamais rencontré Alexandra, selon son avocat. Ce dernier a confirmé que la jeune fille avait utilisé le téléphone du suspect pour appeler au secours, ajoutant que son client n'avait «pas expliqué» comment cela avait été possible.

Samedi soir, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bucarest et déposé des fleurs et des bougies allumées devant le ministère de l'Intérieur.

«Pourquoi la police n'est-elle pas intervenue ? Tout le monde doit répondre, des simples policiers et des procureurs jusqu'à (la Première ministre Viorica) Dancila», a dit à l'AFP un Bucarestois, Cristian Nan, 55 ans.

Scandant «Démission !» et «Incompétents !», les manifestants ont reproché au gouvernement social-démocrate d'avoir allégé la législation pénale, dans le cadre d'une réforme de la justice vivement décriée par Bruxelles.

Des manifestants tiennent, le 27 juillet 2019 à Bucarest, une banderole sur laquelle on peut lire
Des manifestants tiennent, le 27 juillet 2019 à Bucarest, une banderole sur laquelle on peut lire "La Roumanie est morte" après l'enlèvement et le meurtre d'une fillette qui ont profondément ému le pays provoquant le limogeage du chef de la police

Le président de centre droit Klaus Iohannis a de son côté appelé à une enquête approfondie sur cette affaire, qualifiant d'«obligatoires» les «démissions de tous ceux ayaient mal géré ce cas aux suites tellement dramatiques».

Il a également mis en cause le service de télécommunications spéciales (STS) pour n'être pas arrivé à localiser avec précision l'endroit d'où avait appelé la fillette.

La police pense qu'une deuxième adolescente, dont les parents avaient signalé la disparition il y a trois mois dans la même région, pourrait avoir été enlevée par le même suspect.

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