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Festival menacé par des riverains : «ça fait 30 ans que le hip-hop est caricaturé», estime Rockin’ Squat

Le rappeur Rockin' Squat est le parrain du festival.

Le sport et son public, oui, la musique urbaine et le sien, non. Une association de riverains du Stade Jean-Bouin veut interdire un festival hip-hop, qui doit se tenir le 22 septembre. Parrain du festival «Révolution» et rappeur du groupe Assassin, Rockin’ Squat a réagi pour CNews.

IAM, Oxmo Puccino, Medine, Fianso et d’autres artistes de premier plan ont répondu favorablement à l’appel de cet énorme événement autour du hip-hop, avec des concerts, des ateliers pédagogiques pour les plus jeunes, mais également du rugby, via un partenariat avec le Stade Français.

A première vue, pas de quoi effrayer les voisins. Pourtant, une association a déposé un recours auprès du tribunal de grande instance de Paris, (TGI) qui a repoussé mercredi son délibéré au 18 septembre prochain, avec sûrement la nomination d’un expert pour vérifier que le festival ne nuit pas au quartier. Au pire, l’événement pourrait donc être annulé. Une issue inimaginable pour Rockin’ Squat.

En 2019, des personnes tentent d'interdire des concerts de rap. Etes-vous étonné ?

Sincèrement, je ne suis pas du tout surpris. Ça fait 30 ans que notre mouvement culturel est caricaturé. Même pour arriver jusqu’en 2019, ça a été une lutte permanente avec toujours des bâtons dans les roues. Je sais qu’une partie de la population n’est pas spécialement friande de voir que ce mouvement culturel soit là où il est. Je suis attristé pour eux et je trouve ça navrant pour la France d’en être encore là. D’avoir à se justifier sur un mouvement qui a déjà fait toutes ses preuves.

Pour le moment, il n'y a pas d'interdiction. Le tribunal a mis la décision en délibérée, le 18 septembre...

On est dans un pays de droit donc c’est un peu normal. Avec une interdiction, on serait vraiment proche d’une dictature. Ce qu’on met en place, est fait par des professionnels. On a pensé à la nuisance sonore, à la sécurité de notre public, de nos artistes et également des habitants du quartier... Donc il n’y a aucune raison d’interdire l’événement. Les associations ont mis en avant l’idée du bruit et de l’insécurité mais c’est pour cela qu’il va y avoir un jugement qui va être rendu le 18 septembre.

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Mais le derrière de tout ça, on sait très bien ce que c’est : ils n’ont pas envie d’avoir ce style de public dans leur quartier. Mais comme on est dans un pays de droit et dans une soi-disant démocratie, ils ne peuvent pas le dire. Ils ne peuvent pas arriver et dire «on ne veut pas de noirs et d’arabes dans nos quartiers, on ne veut pas de hip-hop», c’est impossible ça.

Par contre, si on organisait un concert de musique classique, personne n’en n’aurait rien à foutre (sic), même si ça ramène 25.000 personnes. Il y a un vrai stéréotypage de notre mouvement et des gens qui le compose. Et je pense qu’il y a une partie de cette population des beaux quartiers ou des élites de notre pays qui n’ont toujours pas envie, en 2019, d’accepter la France comme elle est en fait. Il y a un moment, il faut se regarder en face. 

Est-ce un regret de ne pas avoir pu rencontrer les associations qui ont déposé ce recours ?

Ils doivent faire du pognon à Deauville, ils n’ont pas que ça à foutre (sic). Pour eux, l’important est que l’événement ne se fasse pas et qu’ils puissent continuer à écouter le bal des pigeons et le vent dans le bois de Boulogne. Nous, en tant que production et organisateurs de l’événement, on a un dossier béton. On ne part pas à l’aveugle sur un événement aussi grand et aussi prestigieux. De toutes façons, je pense que la justice nous donnera raison si elle est toujours juste dans ce pays. Maintenant, s’il s’avère qu’ils trouvent le moyen d’annuler notre événement, pour x raison que je ne connais pas, et bien on attaquera et on demandera des dommages et intérêts. Je suis assez confiant sur le résultat car il n’y a pas de vraie raison en réalité. A part un espèce de racisme social latent qui est derrière et ne peut pas être dit, je ne vois pas pourquoi.

Finalement ce jugement est-il un contretemps ou un coup de publicité ?

Un événement comme ça, prend du temps à organiser. Avec beaucoup de postes sur lesquels il faut qu’on se concentre. Ce genre de pub n’est pas vraiment de la bonne pub. C’est une perte de temps, laissez-nous travailler, acceptez la différence. Surtout que notre événement, c’est aussi une représentation des 30 années passées. On essaie d’être un trait d’union entre les générations, entre les styles de notre musique. C’est très créatif, il y a des ateliers pédagogiques pour les enfants et les adolescents. Ce n’est que du positif en fait. C’est un peu idiot de se lever contre un événement culturel comme ça dont la France a vraiment besoin en ce moment. Je pense qu’il y a autre chose à faire que d’essayer de nous attaquer nous. Il y a peut-être d’autres priorités, d’autres choses qui ne vont pas dans le pays. Plutôt que de s’attaquer à des gens qui se lèvent tôt le matin et se couchent tard le soir pour amener du positif à la population française.

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