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Alexandre Benalla, de protagoniste d'une «affaire d'Etat» à troll sur les réseaux sociaux

La dernière apparition publique d'Alexandre Benalla date du 26 février dernier. Il avait été remis en liberté, après avoir passé une semaine en prison pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire. La dernière apparition publique d'Alexandre Benalla date du 26 février dernier. Il avait été remis en liberté, après avoir passé une semaine en prison pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire. [JACQUES DEMARTHON / AFP]

Depuis quelques semaines, Alexandre Benalla a débarqué sur Twitter et Instagram. L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron y est très actif et y fait des blagues, s'amusant même parfois à jouer au troll. A l'opposé de son image d'homme peu bavard et froid qu'il traîne depuis le scandale qui porte son nom, devenu pour certains au fil des révélations une «affaire d'Etat».

Alexandre Benalla est arrivé sur le réseau social à l'oiseau bleu le 17 juillet dernier, soit un an jour pour jour après que Le Monde a révélé que celui qui était alors chargé de mission à l'Elysée avait violenté un manifestant le 1er mai 2018 place de la Contrescarpe à Paris. Depuis, celui-ci a tweeté pas moins de 207 fois, soit près de quatre tweets par jour.

Un nombre important de réactions qui contraste notamment avec son silence lors de sa deuxième audition au Sénat, en janvier dernier, durant laquelle l'ex-chargé de mission de l'Elysée avait refusé de répondre aux questions des parlementaires sur son utilisation abusive de passeports diplomatiques après son licenciement en juillet 2018. Depuis, il avait fait profil bas. Jusqu'à une interview donnée au journal Le Nouvel Economiste mi-juillet, en tant que fondateur de l'entreprise de sécurité Comya.

C'est avec un retweet de cet entretien qu'Alexandre Benalla a fait ses premiers pas sur Twitter. S'en sont suivis des félicitations au vainqueur du Tour de France Egan Bernal, des retweets de plusieurs articles de presse, une réaction amusée au tweet ironique de Donald Trump sur sa volonté d'acheter le Groenland, un commentaire sur la campagne des élections municipales à Paris, mais aussi des clashs avec la députée européenne LR Nadine Morano et avec le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi.

Un combat en octogone proposé à un proche de Bolsonaro

Mais l'on trouve aussi sur son compte Twitter quelques perles, dont certaines ont beaucoup fait parler : en particulier sa proposition de combat en octogone faite à l'ancien champion de MMA brésilien Renzo Gracie. Une réponse directe à une vidéo dans laquelle ce proche du président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro menace Emmanuel Macron de lui tordre son «cou de poulette», l'accusant de «parler mal de [son] pays», en référence aux déclarations du président français sur les incendies en Amazonie.

Dans le monde de l'Internet, cela s'appelle un «troll», Alexandre Benalla n'ayant sans doute jamais eu vraiment l'intention d'affronter cette légende des arts martiaux mixtes dans un ring, mais plutôt de faire parler de lui de façon cocasse. Un virage à 360 degrés dans la communication de l'ancien collaborateur du président de la République – jusqu'alors teintée de sobriété – également symbolisé par les photos partagées sur son compte Instagram, ouvert début août. Il n'hésite pas à y faire de l'humour, en jouant notamment sur des allusions à l'affaire Benalla.

Comme cette publication du 20 août, sur laquelle on peut voir, sur une première photo, Benalla enfant lors d'une activité de spéléologie, puis, sur un autre cliché, le même Benalla, plus vieux, aux côtés de Martine Aubry, à chaque fois avec un casque, accompagné du commentaire «Depuis petit, jamais sans mon casque…» suivi d'emojis qui pleurent de rire. Une référence au casque qu’il portait sur la vidéo révélée par Le Monde en juillet 2018 où on le voit frapper un manifestant place de la Contrescarpe.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Depuis petit, jamais sans mon casque ...

Une publication partagée par Alexandre Benalla (@abenalla_) le

Huit procédures judiciaires en cours

Ce ton léger employé par Alexandre Benalla sur les réseaux sociaux - qui lui assure le maximum de buzz - n'est bien sûr pas anodin. Il lui permet d'adoucir son image, ternie par l'affaire Benalla, et de tenter de faire oublier les nombreuses accusations qui pèsent encore sur lui. Pas moins de huit procédures judiciaires sont en effet en cours.

Elles concernent entre autres les violences commises lors du 1er-Mai par Alexandre Benalla et son comparse Vincent Crase au Jardin des Plantes puis sur la place de la Contrescarpe, l'emploi de passeports diplomatiques par Benalla après son licenciement de l'Elysée ou encore les possibles dissimulations de preuves dans le cadre des enquêtes déjà ouvertes. La justice enquête également sur les enregistrements, dévoilés par Mediapart, d'une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, alors que les deux hommes avaient interdiction d'entrer en contact car ils étaient sous contrôle judiciaire.

De son côté, le Parquet national financier (PNF) enquête sur les activités de l'oligarque russe Iskander Makhmoudov, et notamment sur le contrat passé entre l'entreprise de sécurité de Vincent Crase (nommée «Mars») avec l'aide présumée d'Alexandre Benalla. Selon Mediapart, l'enquête porte notamment sur des faits de «corruption».

Avec ces lourdes accusations, pas sûr que les facéties de l'ancien chargé de mission sur Twitter et Instagram lui permettent de se racheter une virginité auprès de l'opinion publique.

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