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Incivilités, agressions, pesticides... des maires à bout de nerfs

A six mois des municipales, les maires de France veulent alerter sur leur fonction. [DAMIEN MEYER / POOL / AFP].

Le ministre des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, doit recevoir, ce jeudi 12 septembre, une douzaine de maires victimes de violences afin de discuter de mesures concrètes à même de lutter contre ce fléau. Un rendez-vous scruté qui intervient à six mois des municipales et au moment où les édiles ne cessent de dénoncer un manque chronique de moyens.

Politiques au coeur du terrain, placés au plus proche des citoyens, les maires sont confrontés à une recrudescence des violences commises à leur encontre.

D'après une note du ministère de l’Intérieur révélée le 11 août dernier par le Journal du dimanche (JDD), ce sont en effet pas moins de 361 maires et adjoints qui, en 2018, ont été victimes d’atteintes volontaires à leur intégrité physique.

Un été meurtrier

La mort tragique, le 6 août dernier, de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes (Var) depuis 1983, pour avoir tenté d'empêcher un dépôt sauvage de gravats sur sa commune, a, à cet égard profondément choqué.

Après l'agression physique du maire de Saubens (Haute-Garonne), Jean-Marc Bergia, qui lui avait essayé d'empêcher des gens du voyage de s’installer sur un terrain, l'opinion publique a pris conscience des risques qui pèsent sur le maire, souvent cité comme l'élu préféré des Français.

Dans ce contexte, le Sénat a envoyé cet été un questionnaire aux élus pour recenser les agressions et les violences dont ils sont victimes et une plate-forme en ligne a aussi été mise en place pour qu'ils puissent répondre à plusieurs questions sur le sujet d'ici au 15 septembre.

Ce lundi, ce sont 85 parlementaires de la majorité LREM-MoDem, parmi lesquels Barbara Pompili, Stéphane Travert ou encore le sénateur Didier Rambaud, qui dans la presse, ont lancé un appel pour dénoncer la violence à l'encontre des élus, qui, selon eux, a atteint un niveau «insupportable».

Un projet de loi attendu

Ils mettent en avant le projet de loi «Engagement et proximité» de Sébastien Lecornu qui, attendu cet automne, est censé justement répondre au mal-être des édiles alors que, selon une enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité, un maire sur deux songe à ne pas se représenter lors des prochaines municipales de mars prochain.

Ce texte prévoit notamment un meilleur droit à la formation pour les édiles, ainsi que des pouvoirs accrus ou encore une hausse de leurs indemnités.

Mais dans un contexte de baisse constante des dotations de l'Etat, certains élus dénoncent aussi une opération séduction de LREM en vue de susciter des vocations dans ses rangs, alors même que la formation ne détient presqu'aucune ville sous sa bannière.

cafouillage autour du glyphosate

Par ailleurs, outre ce projet de loi, qui à coup sûr sera mis en avant lors de la réunion de demain, d'autres sujets pourraient s'inviter autour de la table.

A commencer par la fronde contre les phytosanitaires menée par certains élus. Malgré la suspension récente de l’arrêté pris par Daniel Cueff, le maire de la petite ville de Langouët dans le Finistère, au motif que cette décision ne relevait pas de la compétence du maire, la liste des communes qui ont pris des arrêtés similaires n'a cessé de s'allonger.

Et ce mardi, c'est tout un département, le Val-de-Marne (PCF) qui a annoncé avoir pris un arrêté bannissant l’usage de produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate.

Si, en marge du G7 de Biarritz, Emmanuel Macron avait dit lui-même soutenir Daniel Cueff «dans ses intentions» mais qu'il fallait avant tout «changer la loi», cela n'a donc semble-t-il pas calmer la grogne et d'autres villes pourraient elles aussi entrer dans la danse.

Le gouvernement attendu au tournant

Une fronde qui s'ajoute à une autre, celle entourant les compteurs Linky. Déployés par Enedis, ils permettent de relever la consommation électrique à distance, en temps réel, mais font l'objet de nombreuses polémiques depuis leur déploiement en 2015. En ce sens, là aussi plusieurs maires se sont opposés à leur installation sur leurs communes.

Enfin et surtout, tous les édiles font plus largement et une fois de plus le même constat, celui du manque de moyens, de l’accroissement des normes et des lois, de la centralisation de la prise de décision à Paris, ou du transfert des compétences aux communautés de communes qui rendent le travail de plus en plus difficile. 

En l'état, les maires attendent donc le gouvernement au tournant et trépignent à l'approche du prochain congrès prévu en novembre.

Selon une information d'Europe 1, révélée en août, le chef de l'Etat devrait en effet ouvrir le congrès de l'Association des maires de France, alors que, l'an dernier, il avait délaissé l'événement, laissant le Premier ministre, Edouard Philippe, prononcer le discours de clôture.

Une décision qui, à l'époque, avait provoqué des tensions, même si un millier de maires avaient été reçus à l'Elysée. 

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