En direct
A suivre

Incendie de l’usine Lubrizol à Rouen : des inquiétudes et des questions

Le gouvernement promet une «transparence totale» sur les questions que se posent les riverains de l’usine Lubrizol.[Philippe LOPEZ / AFP]

Trois jours après le spectaculaire incendie qui a touché l’usine chimique Lubrizol de Rouen, classée Seveso, les autorités se veulent rassurantes à propos de la pollution de l’air mais ne parviennent pas à chasser les inquiétudes et les suspicions des riverains.

Alors qu’au moins cinq plaintes ont déjà été déposées contre X suite à des vomissements et malaises, l’enquête ouverte suite à l’incendie (pour «destructions involontaires par l'effet d'une explosion ou d'un incendie») a été élargie samedi pour le chef de «mise en danger de la vie d’autrui». L’inquiétude principale de la population se situe dans la qualité de l’air et la dispersion dans celui-ci de substances chimiques provenant des produits utilisés dans l’usine. La préfecture de Seine-Maritime a tenté de rassurer tout le monde dès samedi soir en publiant des résultats d’analyses de pollution. Selon elle, ils «font apparaître un état habituel de la qualité de l’air sur le plan sanitaire». Une exception est cependant notée, sur le site de l’usine, où il a été relevé une «présence de benzène (hydrocarbure)».

Concernant les retombées de suies, dont de nombreux habitants ont relayé la présence dans leurs jardins ou des lieux publics, les autorités ont annoncé là encore qu’il n’existait pas de «différences significatives» entre un prélèvement témoin et d'autres permettant d’indiquer la présence d’hydrocarbures. Face au scepticisme d’une partie des habitants, qui accusent les autorités d’un manque de transparence, des députés ont réclamé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.

Comment s’est déclenché l’incendie ?

Dans le même temps, de nombreuses questions restent en suspens. A commencer par les causes de l’incendie. L’entreprise Lubrizol a déclaré qu’il «a touché un entrepôt, une installation d’enfûtage et un bâtiment administratif». Le préfet avait lui indiqué dès jeudi que l’usine était aux normes et «parfaitement à niveau», depuis que des manquements avaient été relevés en 2017 et corrigés.

Une toxicité à long terme ?

Si la toxicité du nuage de fumée a été écartée immédiatement après l’incendie par le préfet de Seine-Maritime, celle à long terme est en revanche une inquiétude «absolument légitime», indique Anni Thébaud Mony, de l’Inserm, à Franceinfo. «Ce nuage qui est passé au-dessus de Rouen est chargé en poussière hautement toxique au minimum cancérogène», détaille-t-elle.

Quels matériaux sont partis en fumée ?

Ce risque dépendra évidemment des produits et matériaux ayant brûlé. Selon le préfet, «des hydrocarbures, des huiles et des additifs chimiques pour huiles de moteur (sont) l’essentiel de ce qui a brûlé». Sur la fiche de l’entreprise (disponible sur le site du ministère de la Transition écologique en tant qu’installation classée), il apparaît également que des éléments radioactifs scellés sont présents au sein de l’usine. Ils n’auraient pas été touchés par les flammes, selon le préfet et le Sdis.

Les produits agricoles à surveiller

Les habitants et agriculteurs de la région nourrissent également des inquiétudes à propos des cultures. Les autorités ont indiqué que «les productions végétales non récoltées ne doivent pas l’être». Concernant les produits végétaux et animaux récupérés avant l’incendie mais susceptible d’avoir été contaminés (œufs issus d’élevage en pleine air, miel, lait des vaches au pâturage et poissons d’élevage), ils doivent être consignés en attendant l’obtention de «garanties sanitaires». L’Agence régionale de santé a également recommandé aux particuliers de ne pas consommer les fruits et légumes ayant des traces de suie et de porter des gants pour les nettoyer.

Le gouvernement promet une «transparence totale»

Le Premier ministre Edouard Philippe a assuré ce dimanche que le gouvernement avait pour objectif «de répondre à toutes les questions et de faire la transparence totale» sur toutes ces questions. «Nous avons souhaité faire en sorte que tout ce qui est su, que toutes les analyses qui sont réalisées soient rendues publiques», a-t-il assuré.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités