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Corse : un FLNC 2.0 prêt à partir à l'assaut ?

Le FLNC avait déposé les armes en 2014, après plus de quarante ans. [Photo d'illustration / PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP].

Dans une vidéo relayée ce 1er octobre, cinq hommes se réclamant d'un FLNC reconstitué, le Front de libération nationale de la Corse, n'excluent pas d’avoir recours à «la force», faisant craindre une nouvelle vague de violences sur l'île. Des menaces prises très au sérieux alors que le groupe avait annoncé en 2014 qu'il déposait les armes.

Le cadre est sombre, le ton martial et l'ensemble rappelle des images que l'on croyait disparues. Vêtus de noir, encagoulés et armés, les cinq hommes sont positionnés derrière une large banderole siglée FLNC

«Nous, patriotes corses, avons décidé de nous unir pour reconstituer le FLNC», écrit le groupe dans un communiqué remis à Corse-Matin, qui a révélé l'information. 

«Sauver le peuple corse d'une disparition programmée»

Souhaitant «sauver le peuple corse d’une disparition programmée», il fait ensuite part d'une série de préconisations et d'interdictions, parmi lesquelles celle «pour les Non-Corses d’acheter des biens fonciers ou immobiliers». 

Le groupe réclame également une interdiction de créer toute nouvelle enseigne de grande distribution, et appelle à «remplacer les étrangers par des Corses dans tous les emplois», ou encore de limiter le tourisme à 600.000 personnes par mois pour juillet et août.

Et si ce FLNC nouveau apporte son soutien à la majorité nationaliste au pouvoir dans l’île, assurant qu’elle est «cohérente», il regrette toutefois que ses représentants «continuent de s’égarer sur un chemin qui conduit à l’intégration définitive du peuple corse dans la société française». 

«Nous veillerons, par la force si nécessaire, à ce que ces interdictions et préconisations » soient appliquées, «car elles sont seules en mesure de sauver le peuple (...)», conclut-il, achevant son communiqué en corse avec la mention «La liberté ou la mort».

Un regain de violences dans l'île

La reconstitution de ce FLNC 2.0 intervient dans un contexte hautement inflammable marqué par de nombreux actes de violence dans l'île.

Cette année, au moins 7 assassinats ont été recensés en Corse. A cela s'ajoutent les pressions, rackets, menaces contre des élus, ou encore incendies criminels qui se sont multipliés au cours des derniers mois.

Des actes souvent commis à l'encontre de biens ou de personnes en lien avec les secteurs du tourisme et de l'immobilier, deux enjeux majeurs pour le grand banditisme insulaire.

Dans ce contexte, une vingtaine de personnalités corses, parmi lesquelles Léo Battesti, lui-même ancien dirigeant du FLNC, ou encore le prix Goncourt Jérôme Ferrari, ont, le 25 septembre dernier, dénoncé dans une tribune «une emprise mafieuse d’une intensité jamais atteinte» dans l’histoire de l’île et près de 800 personnes se sont rassemblées à Corte (Haute-Corse), le dimanche suivant, pour dénoncer ces violences. 

Une «nostalgie de la cagoule» sur laquelle capitaliser

Un climat des plus instables sur lequel ce FLNC renouvelé semble vouloir s'appuyer pour faire avancer ses revendications, en jouant sur une certaine «nostalgie de la cagoule», explique au Figaro Xavier Crettiez, professeur de science politique à Saint-Germain en Laye et spécialiste de la violence nationaliste corse.

Reste à savoir si un FLNC solide puisse être réellement à même de rassembler largement. S'ils ne sont que cinq pour le moment, le Parquet national antiterroriste s’est quoi qu'il en soit saisi d'une enquête après cette annonce.

L'objectif est clair : éviter au plus vite qu'un mouvement nationaliste radical, éteint il y a cinq ans au terme de quatre décennies marquées par plus de 4.500 attentats revendiqués, ne refasse durablement surface.

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