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Après les urgences, les Ehpad se mobilisent pour la santé

La profession demande la création «en urgence» de 40.000 postes pour répondre au vieillissement de la population. [© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

La fièvre gagne tout le secteur. Soignants, syndicats et directeurs des Ehpad, ces maisons de retraite médicalisées qui hébergent et assistent les personnes âgées dépendantes, vont défiler ce mardi pour demander davantage de moyens.

Au-delà des nombreuses actions en régions, un rassemblement est attendu dès 11h devant le ministère de la Santé, afin d'interpeller frontalement le gouvernement. Une manifestation qui survient à la veille de la présentation du nouveau budget de la Sécurité sociale pour 2020. Le projet de loi de financement prévoit une «intensification» des recrutements dans les Ehpad, avec 5.200 emplois supplémentaires l'an prochain, un plan de 130 millions d'euros pour rénover ces maisons de retraite médicalisées, ou encore une enveloppe supplémentaire de 50 millions d'euros pour les services à domicile.

Mais le secteur, qui accueille plus de 600.000 personnes dans quelque 7.500 établissements (soit 20% des plus de 85 ans), est loin d'être convaincu. Les mesures annoncées ne seraient que «des broutilles», très «insuffisantes» comparées aux besoins, martèle ainsi l'intersyndicale des Services d'aide aux personnes âgées (Sapa), à l'origine de l'appel.

Un secteur qui sature

«Le gouvernement ne répond pas du tout à la grande souffrance des salariés, des résidents, des familles. Notre secteur ne cesse de se dégrader», insiste Malika Belarbi, de la CGT, lors d'une conférence de presse. «Nos conditions de travail sont catastrophiques, il y a de plus en plus d'abandons de postes», témoigne Solenn Le Baron, aide-soignante dans un Ehpad, évoquant des «journées de 7h à 21h», ou des «après-midi seule dans un service de vingt résidents». Face à un tel surrégime, la petite phrase d'Emmanuel Macron sur la pénibilité («J'adore pas le mot 'pénibilité', parce que cela donne le sentiment que le travail serait pénible») ne peut que mal passer.

Au menu des revendications syndicales ? La création «en urgence» de 40.000 postes (voire «200.000» selon la CGT), avec «au moins deux postes par établissement et service de soins à domicile», pour répondre au vieillissement de la population. Pour rappel, le rapport Libault sur le grand âge, remis au gouvernement en mars, préconisait de créer pas moins de 80.000 postes dans les Ehpad d'ici à 2024, sans même chiffrer les besoins à domicile.

Les urgences en renfort ?

La colère des Ehpad s'inscrit dans un ras-le-bol généralisé de l'ensemble du secteur de la santé (et des services publics) – et donc, de fait, du troisième âge, déjà lourdement affecté par la réforme des retraites. Depuis près de sept mois, en effet, un mouvement de grève historique sévit dans les services d'urgences du pays, avec désormais plus de 260 hôpitaux concernés. Ils réclament des embauches, une hausse des salaires, l'arrêt des fermetures de lits... bref, davantage de moyens alloués à l'institution.

Ayant cela en commun, les grévistes des Ehpad et des urgences entendent d'ailleurs bien converger lors d'une «journée 'morte' dans la santé et l'action sociale pendant la première quinzaine de novembre» – en plein débat parlementaire sur le budget 2020 de la Sécu. Que le gouvernement, donc, se prépare : les blouses blanches vont faire l'automne.

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Des soignants en grève à Paris le 6 juin 2019. © Aurore MESENGE / AFP

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