Pas une semaine sans qu'ouvre un salon de soin des ongles, avec ses fauteuils alignés en vitrine et ses «petites mains» penchées sur les ongles des clientes, un mince masque de papier sur le visage.
Pose et dépose de vernis classiques ou semi-permanents, pose de faux ongles à l'aide de capsules, de gels ou résines, exposent les travailleurs, pour 97% des femmes, à des substances toxiques, alerte l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles).
«Des mesures dans les salons de stylisme ongulaire ont révélé la présence de plus de 60 substances, avec des effets mal maîtrisés du fait de la poly-exposition», note Nicolas Bertrand, expert à l'INRS. «Il faut impérativement porter des masques à cartouches, mais les esthéticiennes craignent que leur aspect (les filtres ont l'aspect de gros yeux de mouche) fasse peur aux clientes», a-t-il observé.
Des fiches techniques à l'intention des salons
Il fait état de près de 6.000 salariés dans le secteur, qui connait une explosion depuis une dizaine d'années, suivant une mode venue d'outre Atlantique.
Sans compter les boutiques non déclarées et les indépendantes qui travaillent à domicile. «On assiste à une ‘plateformisation’ du métier, avec la mise en relation directe de clientes et de professionnelles indépendantes», observe Nicolas Bertrand.
Un secteur «gris» qui se développe à toute vitesse à côté des boutiques déclarées, relève Régine Ferrère, présidente de la Confédération nationale de l'esthétique parfumerie (CNEP), qui recense 9.000 entreprises d'embellissement cils/ongles, soit 15.000 salariés en France.
Pour la première fois, l'INRS a mis au point des fiches techniques à l'intention des salons, préconisant des produits plus sûrs, l'utilisation de tables aspirantes associées à une bonne ventilation des lieux, le port de gants et de masques avec cartouches de filtration pour la pose des résines et gels acryliques (vernis semi-permanents).