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Incendie de l’usine Lubrizol : un mois après, ce que l’on sait

Un équipement de confinement a été installé au-dessus de l'endroit où il restait des fûts de produits dangereux.[Lou BENOIST / AFP]

Le 26 septembre, l’usine de produits chimiques Lubrizol, à Rouen, s’embrasait. Un mois après le sinistre, dont l’ensemble de la France a suivi les répercussions locales, de nombreuses questions restent en suspens.

Comment le feu s’est-il déclenché ?

L’incendie s’est déclaré le 26 septembre en pleine nuit, vers 2h30. Ses flammes ont ravagé une partie de l’usine Lubrizol et trois bâtiments de Normandie Logistique, entreprise voisine. Pour le moment, la cause du sinistre reste inconnue, de même que la localisation du départ de feu.

Alors que les deux sociétés se rejettent la balle sur la responsabilité de l’origine de l’incendie, le procureur a indiqué jeudi que le parquet s’était saisi d’un rapport de la direction régionale de l’environnement, où figurent «plusieurs infractions par la société Normandie Logistique». Il s’agirait de huit contraventions relevées, six antérieures à l’incendie et deux postérieures. Le rapport pointerait également un «délit d’exploitation non conforme par une personne morale d’installation classée ayant porté une atteinte grave à la santé, la sécurité ou dégradé substantiellement la faune, la flore, la qualité de l’air, du sol ou de l’eau».

Quels produits ont brûlé ?

Au total, 9.505 tonnes de produits ont brûlé lors de l’incendie à Lubrizol, dont 5.253 tonnes classés comme chimiques. Pour près des deux tiers (62,88%, soit 3.308 tonnes), il s’agissait d’«additifs multiusages» composés à 44% d'huile minérale obtenue par raffinage de pétrole, indique un tableau communiqué par les autorités. Lubrizol produisait en effet des lubrifiants pour automobile. Côté Normandie Logistique, 4.252 tonnes sont parties en fumée.

Le site est-il désormais sécurisé ?

Environ 1.300 fûts endommagés de 200 kg sont restés sur le site après l’incendie, dont 160 considérés «à risque». Un robot a commencé à les évacuer mercredi, pour les acheminer vers un centre spécialisé de traitement de déchets dangereux. Un équipement provisoire de confinement a été installé au-dessus des fûts sensibles, car ils contiennent une substance qui, une fois chauffée, produits des émanations d’un gaz «extrêmement dangereux» (sulfure d’hydrogène) et un autre «très incommodant» (Mercaptan), selon les autorités.

Quelles répercussions sur la santé ?

L’eau est «parfaitement potable», continue de répéter le préfet de Normandie. Jusqu’ici, chaque analyse effectuée concernant la toxicité de l’air ou une possible contamination de personnes (comme les pompiers) n’ont rien révélé d’inquiétant, ont martelé les autorités. Sans convaincre certains riverains.

Les maux de tête, vomissements, diarrhées, ont progressivement disparues depuis l’incendie. Les odeurs très dérangeantes d’hydrocarbure également. Il s’agit désormais de surveiller la santé des habitants à plus long terme, en fonction «de l’avis de l’Anses et de Santé publique France», a indiqué la ministre de la Santé, Agnès Buzyn le 11 octobre.

Quelles conséquences économiques pour les agriculteurs ?

Dans la foulée de l’incendie, les produits agricoles des communes passées sous l’immense panache de fumée (22 km de long) avaient été interdits à la commercialisation, à cause des retombées de suies. Il avait fallu attendre le 14 octobre, pour les produits laitiers, et le 18, pour le reste, pour reprendre les ventes. Le préjudice global aux 3.000 agriculteurs concernés a été estimé «entre 40 et 50 millions d’euros», a annoncé le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume.

Lubrizol a indiqué qu’il était prêt à financer ces indemnisations, mais sans avancer de chiffre.

Par ailleurs, 85 entreprises auraient demandé de recourir à une activité partielle durant la période, pour protéger l’emploi de 2.000 salariés. Une dizaine d’entre elles ont été «significativement affectées» par les conséquences du sinistre. Son impact a été jugé «réel mais modéré», par la direction régionale du travail.

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