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Lubrizol : pourquoi l'enquête de santé sur la population fait débat

Le calendrier et la méthode de l'enquête de santé sont décriés par une partie des Rouennais. [Photo d'illustration / LOU BENOIST / AFP].

Présentée vendredi 25 octobre à l'occasion d'un comité de transparence organisé à la préfecture de Seine-Maritime, l'enquête de santé sur la population de Rouen à la suite de l'incendie de l'usine Lubrizol fait beaucoup réagir les politiques et les associations locales.

Alors qu'elle doit être menée en mars 2020, une partie des Rouennais, par la voix de leurs représentants, estiment en effet que les analyses, menées près de six mois après l'incendie, seraient beaucoup trop tardives pour évaluer les conséquences immédiates des fumées sur les organismes.

«On ne verra plus les effets aigus de la catastrophe. On se prive d’informations essentielles pour comprendre les conséquences de l’incendie mais aussi pour savoir s’il y a des victimes et s’il faut les indemniser, estime à cet égard Olivier Blond, de l'association Respire, cité par France Bleu.

Un calendrier et une méthode décriés

Cette enquête sanitaire, devant consister en un questionnaire proposé à un échantillon de la population des 215 communes qui se sont retrouvées sous le panache de fumée le 26 septembre dernier, rencontre aussi la méfiance de certains élus, à commencer par les écologistes.

Le secrétaire national d’EELV et conseiller métropolitain de Rouen David Cormand, s'interroge ainsi sur la méthode utilisée et déplore «une proposition en décalage avec ce qu’il faudrait faire pour s’assurer d’un suivi sanitaire de qualité de la population.»

En charge des futures investigations, l'agence Santé publique France (SpF) se veut de son côté rassurante, et explique que l'objectif de cette enquête, est avant tout «de mesurer les nuisances qui ont été vécues par les personnes exposées, les symptômes ressentis, ou encore l'impact sur la qualité de vie», en complément des résultats approfondis des experts environnementaux. Des prélèvements sanguins et d’urines pouvant ensuite avoir lieu, en fonction de ces résultats. 

Santé publique France dans le viseur des écologistes

Mais pour David Cormand, cette position est «scandaleuse» car, dit-il, «le temps perdu avant de lancer éventuellement une enquête sérieuse aura pour effet qu’on ne saura pas à quoi ont été exposées les populations.»

Comme d'autres responsables locaux, il regrette surtout qu’il n’y ait pas eu la création d’un registre juste après l’incendie. «On aurait pu faire appel aux médecins généralistes, qui ont reçu de très nombreux habitants après la manifestation de symptômes, pour qu’ils remplissent un registre afin qu’on puisse, dès les premières semaines, effectuer des prises de sang. Cela aurait permis de s’assurer qu’il n’y a pas de conséquences sanitaires et que, s’il y en a, on les décèle suffisamment tôt pour les traiter de la meilleure des façons», argue-t-il encore.

Le sujet majeur des municipales à venir

Sous les feux des critiques depuis les tout premiers instants, la gestion de l’incendie de l’usine Lubrizol continue donc de faire des vagues et sera, à coup sûr, le sujet majeur des municipales de mars prochain, plaçant les enjeux écologiques et les risques industriels au coeur de la campagne.

Alors que le socialiste - et Fabiusien notoire - Yvon Robert a d'ores-et-déjà indiqué qu'il ne se représenterait pas, tout devrait se jouer, entre les candidats écologistes, LREM et PS, à en croire plusieurs sondages internes relayés dans la presse.

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