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Les étudiants marchent contre la précarité (et le gouvernement)

Une manifestation étudiante à Lyon le 12 novembre 2019. [© PHILIPPE DESMAZES / AFP]

«Ça ne fait que commencer», promettent-ils. Près de trois semaines après l’immolation d’un jeune à Lyon, le mouvement étudiant poursuit ce mardi son offensive contre la précarité, avec une nouvelle mobilisation à travers tout le pays.

Alors que, selon elles, 20% des 18-24 ans vivent encore sous le seuil de pauvreté, les organisations syndicales réclament, de la part d’Emmanuel Macron, un «plan d’urgence» et une «politique structurelle» pour endiguer les difficultés financières des étudiants. Et ce, au plus tard «d’ici au 5 décembre», jour d’une grande grève contre les réformes gouvernementales qui, peu à peu, commence à séduire la nouvelle génération.

Une rage de longue date

En tentant de se suicider, le jeune Lyonnais a mis en lumière un fléau qui persiste : la pauvreté de certains étudiants, et ses conséquences néfastes sur le travail, la santé, et même la sociabilité. Depuis, les syndicats se mobilisent, aussi bien avec des défilés pacifiques que des coups de force, comme le blocage d’universités, la destruction de livres de l’ex-président François Hollande à Lille 2, ou l’opération «cantine gratuite» menée à Rennes 2. Au risque, parfois, de voir les rassemblements ponctués de violences.

Pointant l’inaction des dirigeants face à des problèmes chroniques, les étudiants exigent une hausse «d’au moins 20 %» des bourses sur critères sociaux, la création de logements universitaires, la gratuité des transports, voire pour certains celle des études. Cette mobilisation s’annonce d’autant plus «massive», que les relations entre la jeunesse et l’exécutif n’ont cessé de se dégrader depuis le début du quinquennat.

Entre la «sélection» de Parcoursup et la refonte controversée du baccalauréat, en passant par la flambée du coût des cursus pour les étrangers et la baisse de cinq euros des APL (que Macron lui-même dit traîner «comme un boulet»), les sujets de friction pourraient bien ressurgir sur les pancartes du jour. «Le problème, c’est qu’on enchaîne les réformes qui précarisent les étudiants, mais parallèlement, les dépenses telles que la nourriture et le logement augmentent», insiste la présidente de l’Unef, Mélanie Luce.

Comme reconnu par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, «il y a encore de très grands progrès à faire». Et les réponses de l’Etat, comme la mise en place d’un numéro d’appel ou la revalorisation de 1,1 % des bourses à la rentrée dernière, restent insuffisantes pour résorber le mal-être général des jeunes, déplorent les syndicats.

Un exécutif sur le qui-vive

La fronde étudiante va-t-elle s’ajouter à la longue liste des mouvements sociaux du 5 décembre contre la refonte des retraites ? Rien n’est encore décidé «pour l’instant», selon la Fage, première organisation du secteur, mais tout est encore permis. Et pour cause : le projet de loi controversé, qui va raboter aussi bien les pensions des actifs d’aujourd’hui (cheminots, soignants, pompiers…) que ceux du futur, pourrait rallier les colères malgré les différences.

Côté gouvernement, l’inquiétude d’une potentielle convergence des luttes est d’ailleurs palpable. «On regarde la mobilisation de manière très prudente, on va voir comment ça évolue», déclare ainsi le proche d’un ministre à Europe 1. En attendant, le mouvement étudiant veut se faire entendre de lui-même, pour lui-même.

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