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Un an après l'arrestation polémique à Mantes-la-Jolie, les mères de lycéens ont manifesté à Paris

En marge de heurts lycéens, 151 jeunes avaient été agenouillés et menottés. [© Céline AGNIEL / AFP]

Il y a tout juste un an, l'image de 151 lycéens arrêtés à Mantes-la-Jolie (78), à genoux mains sur la tête par la police, avait provoqué un tollé. Des mères ont organisé une marche ce dimanche 8 décembre à Paris.

Le cortège composé de plus d'un millier de personnes, parti du quartier de Barbès, a atteint la place de la République dans l'après-midi. Là, certains participants ont reproduits la position dans laquelle avaient été mis les jeunes de Mantes.

Une méthode qui choque toujours Yessa Belkhodja, porte-parole du Collectif de défense des jeunes du Mantois, créé au lendemain des interpellations et soutenu par 70 partis politiques, syndicats et associations : la position à genoux a été «vécue comme une posture d'humiliation».

Plusieurs familles ont porté plainte pour violences policières, emboîtant le pas au syndicat lycéen UNL, mais l'enquête préliminaire de la police des polices (IGPN) a débouché sur un non-lieu, concluant à l'absence de «comportements déviants de la part des policiers».

L'UNL et le collectif des jeunes du Mantois ont décidé de redéposer plainte avec constitution de parties civiles, pour obtenir l'ouverture d'une instruction.    

«Trois jeunes seulement ont été auditionnés» par le parquet de Nanterre (où a été dépaysé le dossier à la demande des plaignants), déplore maître Arié Alimi, l'un de leurs avocats. Il demandera, dès qu'un juge d'instruction sera nommé, à ce que l'ensemble des interpellés soient entendus. Une enquête du Défenseur des droits est toujours en cours.

Trois jours de heurts pendant le mouvement lycéen

Le 6 décembre 2018 au matin, la tension était palpable aux abords de deux lycées de cette ville populaire des Yvelines, après trois jours de heurts et de dégradations en marge du mouvement de protestation lycéen.    

Des groupes de jeunes mettent le feu à des poubelles ; deux voitures partent en fumée. La police tente de les disperser à coup de LBD et de tirs de gaz lacrymogènes. Soudain, une charge policière. Un groupe volatil de jeunes gens, comprenant aussi bien des élèves sortant de cours que des fauteurs de troubles, est regroupé devant le lycée Saint-Exupéry.    

L'image va faire le tour des réseaux sociaux : 151 jeunes, âgés de 12 à 21 ans, à genoux, tête baissée, mains sur la tête, dans un jardin privé et l'arrière-cour d'une association, tenus en respect par des policiers avant d'être dispatchés dans des commissariats.    

Une vidéo tournée par un policier avec le commentaire «voilà une classe qui se tient sage», diffusée quelques heures plus tard, achève d'attiser la polémique.  L'auteur de la vidéo a d'ailleurs été sanctionné administrativement et une action disciplinaire a été sollicitée.

La direction de la police des Yvelines n'a pas souhaité s'exprimer, mais le syndicat Unsa Police a tenu à rappeler que «cela faisait plusieurs jours que de nombreux jeunes présents devant les établissements scolaires mettaient en danger leur intégrité physique et celle des habitants».   

Pour le syndicat, l'intervention était «nécessaire» : «en face de 150 jeunes», les forces de l'ordre ont «figé la situation», pas pour «faire un exemple» mais pour pouvoir ultérieurement «déterminer le degré d'implication de chacun».  

La mère d'un lycéen affirme que «la grosse majorité» sortait du lycée pour déjeuner, comme son fils. «C'est une minorité qui a foutu la zizanie devant le lycée et en fait, tout le monde a pris!».   

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