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A trois mois des municipales, l'élection à Paris est encore loin d'être jouée

Aucun candidat ne semble pour l'instant vraiment se démarquer. [© Marion Ruszniewski / AFP]

A trois mois du premier tour des élections municipales, qui aura lieu le 15 mars 2020, bien malin celui qui pourra prédire l'issue de cette campagne parisienne très indécise.

Dans une situation inédite, cinq candidats se tiennent en effet dans un écart de dix points. Si Anne Hidalgo poursuit sa course en tête au fil des mois, la maire sortante, créditée de 22,5 % selon le dernier sondage, ne parvient pas à creuser l'écart. Et derrière, c'est la foire d'empoigne : Benjamin Griveaux (LREM, 17 %), Rachida Dati (LR, 17 %), Cédric Villani (dissident LREM, 14 %) et David Belliard (EELV, 12,5 %) sont dans un mouchoir de poche.

«En 2014, on voyait bien un duel se dessiner entre deux personnalités très fortes, Anne Hidalgo et NKM. Là, c’est tellement ouvert… Et personne ne gagnera seul. Ni Anne Hidalgo, ni Benjamin Griveaux», martèle Rayan Nezzar, porte-parole de Cédric Villani.

Si ce statu quo se maintenait, pas moins de cinq listes franchiraient en effet la barre qualificative des 10 % pour accéder au second tour. «On peut tout à fait imaginer une inflation de triangulaires, quadrangulaires, voire de pentagulaires», a prédi Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, dans Le Point. Des casse-têtes qui se résoudront localement.

Après l'atomisation, le rassemblement ?

«Tout dépendra des résultats arrondissement par arrondissement, décrypte un conseiller d'Emmanuel Macron. C’est sur cette base que se feront les stratégies d’alliance, en fonction des rapports de force. Et ensuite, le vainqueur sera celui qui aura la meilleure capacité de rassemblement».

Car l'atomisation actuelle de la vie politique se conjugue à un type de scrutin très particulier pour les municipales dans la capitale. Cette élection est réalisée au suffrage universel indirect : après deux tours où les Parisiens sont consultés pour de «mini-élections» dans chaque arrondissement, les grands électeurs ainsi désignés se réunissent ensuite pour nommer le maire. Ce qui signifie donc des tractations acharnées et incertaines lors de ce «troisième tour» de l'élection.

Dans le camp d'Anne Hidalgo, l'enjeu est clair : obtenir «la légitimé des urnes», en sortant largement en tête au 1er tour. «Il y a un tel éclatement de l’offre politique que l’essentiel, c’est de tuer le match dès le premier tour. Un candidat arrivé nettement derrière manquerait de légitimité pour construire une alliance de bric et broc afin de revendiquer la mairie», analyse un membre de la majorité.

Or, concrètement, le jeu en équipe n'est pas le fort de Benjamin Griveaux et de Rachida Dati. Quant à Cédric Villani et David Belliard, ils semblent manquer d'un vrai poids pour unir hors de leurs formations. Seule Anne Hidalgo semble ainsi être en mesure de réussir à créer une majorité, tout comme elle l'avait déjà fait en 2014, en unissant la gauche et les verts.

Le projet Bercy-Charenton sur la sellette

Dans tous les cas, cette situation nouvelle, en particulier la montée en puissance d'EELV, va avoir des effets concrets. Si les verts font un bon score, les négociations pour obtenir leur ralliement vont être compliquées pour l'équipe d'Anne Hidalgo, qui devra lâcher du lest. Très critiqué par les écologistes parisiens, le projet d'urbanisme de Bercy-Charenton pourrait notamment être mis dans la balance, a admis sans détour un proche de la maire.

«On a l’impression de façonner les termes du débat politiques pour les années qui viennent. Les écologistes ont gagné la bataille culturelle. A travers ce qui se passe à Paris, peut-être qu’on redéfinit les nouveaux clivages», s'interroge Rayan Nezzar.

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