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Réforme des retraites : la rentrée promet d'être chaude

La rentrée lundi promet d'être chaude : le mouvement contre la réforme des retraites est désormais entré dans son deuxième mois et ses opposants misent sur un regain de mobilisation, en attendant les deux journées de manifestation prévues jeudi et samedi, pendant que l'exécutif assure «être ouvert à la discussion».

Lundi matin, le gouvernement reprend officiellement son cartable pour son premier conseil des ministres de l'année, où il va affûter sa stratégie devant un mouvement de grève entamé le 5 décembre.

Même si les taux de grévistes ont baissé, le trafic est resté très perturbé pendant les vacances scolaires à la SNCF et à la RATP.

Pour ce lundi de rentrée, la SNCF prévoit néanmoins une amélioration de la circulation des trains, avec 8 TGV sur 10, 2 TER sur 3, un Intercités sur 3, et en Ile-de-France un Transilien sur deux.

Côté RATP, le trafic sera encore très perturbé et lundi matin s'annonce collé-serré dans les rames de RER et de métro. Voitures, baskets, vélos et trottinettes seront encore de sortie en Ile-de-France.

Mardi, le Premier ministre Édouard Philippe ouvrira une séance de discussions au ministère du Travail, à laquelle sont conviés les partenaires sociaux pour parler pénibilité et emploi des seniors. Elle se tiendra sous l'égide de Muriel Pénicaud (Travail) qui n'était jusqu'à présent que peu associée à cette réforme comme s'en est étonné le numéro un de la CGT Philippe Martinez.

Ce dernier a répété dimanche sur LCI qu'il souhaitait le retrait de ce «mauvais» projet. «Il est temps que le président et le Premier ministre sortent de leur bulle d'autosatisfaction», a-t-il estimé.

«Conférence de financement des retraites»

Il a rappelé les scores de Jacques Chirac et d'Emmanuel Macron au deuxième tour de l'élection présidentielle face au FN, maintenant RN, et averti qu'en n'écoutant pas la partie du pays opposé à cette réforme, «on joue avec le feu sur la future échéance électorale».

Dimanche, de son côté, le RN a précisé, par la voix de Jordan Bardella, que s'il arrivait au pouvoir il «retirerait ce système à points».

Les principaux dirigeants de gauche, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure, Fabien Roussel, Julien Bayou (...) ont eux réitéré leur opposition dans une tribune publiée au Journal du Dimanche.

Ce week-end, le nouveau Monsieur retraites, Laurent Pietraszewski, a expliqué au Parisien que l'âge d'équilibre est «un progrès social». Si les partenaires sociaux ont «une autre idée, on prend», a-t-il promis, comme l'avait déjà dit le Premier ministre.

Le dirigeant  de la CFDT Laurent Berger parle à des journalistes, à Paris le 19 décembre 2019 [MARTIN BUREAU / AFP]
Le dirigeant de la CFDT Laurent Berger parle à des journalistes, à Paris le 19 décembre 2019 [MARTIN BUREAU / AFP]

Parti en guerre contre cet âge pivot, fixé à 64 ans et en dessous duquel il ne sera pas possible de partir avec une retraite à taux plein, Laurent Berger n'a pas manqué de réaffirmer vertement dimanche sur France 2 son opposition totale à cette mesure.

Il a proposé que se tiennent une «conférence de financement sur les retraites», bien distincte du projet de loi en préparation, et des discussions sur la pénibilité et l'emploi des seniors liées à l'instauration d'un régime universel.

Olivier Dussopt (Fonction publique) a de son côté garanti que le gouvernement était «ouvert au dialogue» et «au compromis», alors que des concessions ont été faites par l'exécutif, pour les policiers, les danseurs de l'Opéra, les marins ou les pilotes...

A l'unisson, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM) a lui aussi appelé au «compromis».

«Et nous ? Et nous ?»

Dans la rue, le jeudi 9 janvier fera-t-il mieux que le jeudi 5 décembre, qui avait réuni quelque 800.000 personnes dans toute la France ?

En attendant, la Fédération CGT de la Chimie a appelé à un blocage de toutes les installations pétrolières à partir de mardi et pour quatre jours. Déjà mobilisés le 5 décembre, les avocats recommencent à compter de lundi, pour défendre leur régime autonome. Des syndicats d'infirmiers et de kinés ont aussi appelé à la grève.

«Les chiffres de grévistes vont augmenter à la fin de la semaine prochaine. Il y a une grand différence par rapport au gouvernement, c'est que nous on a l'opinion avec nous», a espéré Fabien Villedieu (Sud Rail) sur BFMTV.

Des voyageurs arrivent à la gare de Lyon le 5 janvier 2020 à Paris [FRANCOIS GUILLOT / AFP]
Des voyageurs arrivent à la gare de Lyon le 5 janvier 2020 à Paris [FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Selon le dernier sondage publié, Ifop pour le JDD, plus de la moitié des Français (55%) souhaite que le gouvernement n'aille pas au bout de la réforme en l'état. Le soutien à la mobilisation reste néanmoins supérieure à l'hostilité.

«On ne comprend plus rien. Tous les jours on nous annonce qu'un régime spécial qui devait disparaître va être maintenu parce que tel ministre est intervenu», s'est étonné l'écologiste Yannick Jadot.

Dans la rue, samedi, aux abords de la gare de l'Est, un manifestait invectivait un CRS : «Toi, tu vas partir à 52 ans, et nous, et nous ?».

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