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Mort d'un livreur à Paris : le plaquage ventral doit-il être interdit ?

L’utilisation du plaquage ventral doit répondre à des situations précises, face à des individus agressifs.[Sebastien SALOM-GOMIS / AFP]

Quelques jours après la mort d’un livreur à Paris, lors d’une intervention policière, la polémique renaît autour de la pratique du plaquage ventral par les forces de l’ordre, lors de certaines interpellations.

Vendredi 3 janvier, Cédric Chouviat, 42 ans, a été victime d’un malaise cardiaque après avoir été mis au sol par trois agents aux abords de la tour Eiffel, lors d’un contrôle pour usage du téléphone en scooter. L’intervention se serait envenimée suite à un comportement «agressif» et à des insultes, selon les sources policières. Il est mort dans la nuit de samedi à dimanche.

Après une autopsie du corps de la victime, les médecins légistes ont abordé «un état antérieur cardiovasculaire» pouvant expliquer la mort, mais surtout «une manifestation asphyxique avec une fracture du larynx», d’après un communiqué du parquet. Des investigations médico-légales complémentaires doivent être effectuées pour apporter plus de précisions et de détails sur les causes précises de sa mort. Une information judiciaire a néanmoins été ouverte pour «homicide involontaire».

une technique «dangereuse» pouvant provoquer l'asphyxie

Au cœur de cette nouvelle polémique se trouve la technique du plaquage ventral. Elle consiste à mettre au sol une personne, sur le ventre, et à la maintenir dans cette position. Sa tête est tournée sur le côté et les agents peuvent parfois utiliser une clé de bras, une pression thoracique (en appuyant sur le dos) ou des menottes pour la contraindre à ne plus bouger. Enseignée aux policiers pour faire face à des individus difficiles à maitriser, la technique doit être utilisée uniquement lorsqu’elle est nécessaire et de façon proportionnée, en fonction de l’attitude et de la violence de l’individu.

Dans un rapport datant de 2011, Amnesty international explique que la méthode est «dangereuse». Elle met en avant le risque d’asphyxie positionnelle de la technique, qui «se produit lorsque l’on maintient une personne allongée sur le ventre afin de l’immobiliser ou de la transporter : cette position empêche de respirer correctement». Et de préciser : «toute pression exercée dans le dos de la personne qui se trouve dans cette position (comme le font parfois les agents) accroit encore la difficulté à respirer».

Cette pratique d’immobilisation est régulièrement pointée du doigt en France. Elle est notamment mise en cause par les proches d’Adama Traoré, mort le 19 juillet 2016 suite à une intervention durant laquelle les policiers ont pratiqué un plaquage ventral (l’instruction est toujours en cours et des nouvelles expertises sont attendues au printemps prochain).

bientôt déclaré illégal ?

De son côté, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a reconnu que les résultats de l’autopsie de Cédric Chouviat «soulèvent des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées». L’une d’elles pourrait-elle être l’interdiction pure et simple du plaquage ventral par les forces de l’ordre ?

Contacté, Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police CFDT reconnaît que «si l’enquête concernant la mort de M.Chouviat établit très clairement que cette technique est responsable de son décès, alors le ministère de l’Intérieur devra se poser la question de son interdiction. Face à des individus agressifs et virulents, des gestes peuvent parfois être mal faits. Il ne faut pas avoir peur de se remettre en cause». Charge alors aux instances de «trouver d’autres solutions, en gardant un juste équilibre qui permettra de remplacer des techniques pouvant causer des dommages collatéraux graves mais qui garantiront aussi aux policiers de travailler en toute sécurité», nuance-t-il.

Pour le moment, le plaquage ventral est parfaitement légal en France. Une note de la Direction générale de la police nationale de 2008 indique cependant que la compression «tout particulièrement lorsqu’elle s’exerce sur le thorax ou l’abdomen, doit être la plus momentanée possible et relâchée dès que la personne est entravée par les moyens réglementaires».

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