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Pourquoi Emmanuel Macron réunit-il les présidents du G5 Sahel ce lundi à Pau ?

Alors que le Sahel est de plus en plus fréquemment le théâtre d'attentats jihadistes, Emmanuel Macron réunit ce lundi 13 janvier à Pau, dans le sud-ouest de la France, les présidents des cinq pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali, Mauritanie). Avec pour objectif premier de clarifier la position de ces derniers sur la présence militaire française dans la région.

Emmanuel Macron semble en effet irrité par les critiques des opinions publiques de ces pays envers la force antijihadiste française Barkhane, et ses 4.500 militaires déployés au Sahel, ainsi que par les déclarations jugées ambiguës de certains de leurs ministres. L'Elysée dénonce ainsi un «narratif anti-français», comme le montre encore la manifestation vendredi à Bamako, au Mali, à laquelle environ un millier de personnes ont participé pour réclamer le départ des troupes étrangères, en particulier françaises.

«Chaque fois qu’un événement dramatique se produit, les populations constatent que les forces internationales et les forces locales ont été dans l’incapacité de le prévenir et de le régler, elles sont donc perçues comme inutiles, et, puisque la situation empire, autant qu’elles partent, elles ne servent à rien», analyse le général Bruno Clément-Bollée, ancien directeur de la coopération de sécurité et de défense au ministère des Affaires étrangères, sur le site de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Ainsi, à Pau, lundi, le but affiché de Paris est avant tout d'obtenir une déclaration commune des cinq pays du G5 Sahel - organisation créée en 2014, dont la force militaire conjointe a été lancée en 2017 -, qui soulignera que la France agit à la demande de ses dirigeants, afin de «relégitimiser» sa présence au Sahel. «Il faut tout d'abord obtenir des responsables politiques une position nette sur ce qu'ils souhaitent ou pas», a expliqué la ministre française des Armées Florence Parly samedi.

Une invitation vue comme une «convocation»

Mais Paris aura peut-être du mal à faire accepter cela à ses alliés africains. En effet, les dirigeants des pays du G5 Sahel n'ont pas apprécié la manière abrupte dont Emmanuel Macron les a conviés à Pau, pour ce sommet qui devait initialement avoir lieu mi-décembre. Le président français avait lancé cette invitation surprise suite à la mort de treize soldats français au Mali fin novembre, dont sept étaient originaire du régiment de Pau.

Sauf que cela avait été perçu comme une «convocation» par les présidents sahéliens, en raison notamment du ton particulièrement ferme adopté par Emmanuel Macron au moment d'annoncer l'organisation de ce sommet. Il avait averti qu'il mettrait toutes les options sur la table, y compris celle d'un retrait ou d'une décrue de Barkhane, en raison de «l’ambiguïté (...) à l’égard de mouvements antifrançais, parfois portés par des responsables politiques». Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, avait critiqué «la forme et le contenu» de la déclaration d'Emmanuel Macron, qui selon lui avaient «manqué de tact». La rencontre avait été finalement reporté d'un mois, après une attaque jihadiste au Niger visant l'armée, la plus sanglante depuis 2015, qui avait fait 71 morts.

Un appel au soutien international

Outre cette mise au point, le sommet de Pau vise aussi à recadrer la stratégie militaire contre les jihadistes au Sahel - une zone aussi vaste que l'Europe -, mais aussi et surtout à appeler à une participation accrue des alliés internationaux, surtout européens, dans cette lutte. Le président nigérien Mahamadou Issoufou entend ainsi lancer depuis la ville des Pyrénées-Atlantiques  «un appel à la solidarité internationale» pour que le Sahel et la France ne soient pas seuls dans ce combat contre le «fléau» jihadiste, a-t-il déclaré.

Ce qui explique la présence à Pau lundi soir du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, du président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki, ainsi que du président du Conseil européen, Charles Michel. Devrait être évoquée avec ce dernier l'opération baptisée «Tacouba», que la France est en train de mettre sur pied et qui réunit des forces spéciales d'une dizaine de pays européens. Paris espère que le sommet de Pau convaincra les pays européens réticents, comme l'Allemagne, à rejoindre cette initiative. Des Etats qui sont dans le principe favorables à la lutte contre les jihadistes dans cette région, mais inquiets de voir la France critiquée sur place et sans bénéfice politique de son intervention.

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