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Les plaquages ventraux responsables de la mort de vingt personnes depuis trente ans

Un exemple de plaquage ventral, le 29 décembre 2018, lors d'une manifestation des Gilets jaunes. Un exemple de plaquage ventral, le 29 décembre 2018, lors d'une manifestation des Gilets jaunes.[FRANCOIS LO PRESTI / AFP]

Depuis 30 ans, le nombre de décès liés à la technique policière du placage ventral s'élèverait à vingt.

C'est le décompte fait par le JDD dans son édition du 19 janvier. Cette technique des forces de l'ordre consiste «à plaquer et maintenir une personne ventre au sol, tête tournée sur le côté. Les policiers ajoutent parfois à cette position d’autres moyens de contention, tels que le menottage des poignets derrière le dos et l’immobilisation des chevilles (avec parfois les genoux relevés), et peuvent aller jusqu’à exercer un poids sur le dos de la personne ainsi maintenue à terre» selon la définition de l'ONG ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture). Ce maintien au sol bien particulier peut entraîner une asphixie.

Une technique qui serait à l'origine du décès de Cédric Chouviat, un livreur de 42, mort deux jours après avoir subi un placage ventral lors de son interpellation par la police le 5 janvier. Si le lien est confirmé, la victime rejoindrait une triste liste de dix-neuf noms, composée de personnes décédées après avoir été victime, depuis trente ans, d'un «décubitus», l'autre nom du placage ventral.

Etablie par le JDD, la liste se base sur les données de l'IGPN, de l'ONG ACAT et du propre décompte de l'hebdomadaire. «A ces décès, il faut ajouter celui d'Adama Traoré en 2016, mort par asphyxie dans une gendarmerie de Persan (Oise) et donc pas intégré par l'IGPN, vouée à la seule police», précise le JDD. Le collectif «Justice pour Adama» tente de faire reconnaître la responsabilité des gendarmes depuis la mort du jeune homme, 24 ans à l'époque des faits. Sans succès pour l'instant.

Le débat autour de cette technique très controversée revient très régulièrement dans l'actualité à raison des différents faits divers dans lesquelles elle intervient. 

En 2007, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) regrettait qu'«aucune directive précise n'ait été prise par les autorités françaises à l'égard de ce type de technique d'immobilisation» alors qu'elle a «été identifiée par des experts comme susceptible d'entraîner la mort par asphyxie». Le JDD assure qu'en 2008, l'IGPN publiait une note pour encadrer la pratique, «indiquant que la compression sur le thorax devait "être la plus courte possible"».

En Suisse et en Belgique, la technique est interdite depuis 2001 et 2005.

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