En direct
A suivre

Paris : l'alerte est lancée au sujet du campement de la porte d'Aubervilliers, après la mort d'un réfugié

Jusqu'à 2.300 personnes seraient installées le long du périphérique, au niveau de la porte d'Aubervilliers. Depuis plusieurs mois, jusqu'à 2.300 personnes seraient installées le long du périphérique, au niveau de la porte d'Aubervilliers.[© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Les associations et les élus parisiens réclament l'évacuation d'urgence du campement de la porte d'Aubervilliers (19e), où environ 2.000 personnes – migrantes, réfugiées et dublinées – sont installés dans un campement de fortune situé le long du périphérique, alors qu'un homme y a été retrouvé mort ce lundi 20 janvier.

De nationalité somalienne, ce jeune homme de 28 ans – qui vivait depuis quelques mois à Paris – avait déposé sa demande d'asile au début du mois de janvier. Selon les premières informations, il aurait été retrouvé mort dans sa tente, rue d'Aubervilliers, sans que soient connues les circonstances de son décès.

Appelée en urgence, une équipe de Médecins du monde a tenté de le ranimer. En vain. Un «décès tragique» selon Dominique Versini, l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la lutte contre l'exclusion et des réfugiés, qui déplore «que la mise à l’abri inconditionnelle promise par l’Etat avant la fin 2019 n’ait toujours pas eu lieu».

Rien d'étonnant selon les bénévoles de l'association Utopia 56, qui soulignent qu'aucun accueil et qu'aucun accès aux soins n'avaient été prévu pour les migrants dans ce campement devenu un «bidonville à ciel ouvert». «On les laisse à l'abandon, et voilà les conséquences», a déploré l'une d'entre eux.

«C’est tout autant la sécurité et la salubrité du quartier qui est en jeu», s'est quant à lui indigné François Dagnaud, le maire du 19e, lundi soir, alors qu'une mise à l'abri n'est pas prévue avant la fin du mois. «C'est un enjeu humanitaire, sanitaire, social» a-t-il témoigné, parlant de «procrastination en haut-lieu» quand «tout presse à agir».

Pas loin de 700 tentes comptabilisées

Car les problèmes d'insalubrité, de promiscuité et les tensions qui pèsent sur ce camp ne sont pas nouveaux. Mi-janvier, pas loin de 700 tentes avaient été comptabilisées sur cet espace très étroit, boueux et sale, qui longe le périphérique. Elles abriteraient entre 1.200 à 2.300 personnes, selon les associations, à la merci des dealers de drogue qui y viennent approvisionner la centaine de toxicomanes, également installés là.

«Il n’y a jamais eu un campement parisien qui reste aussi longtemps, de façon aussi cachée et marginalisée», a récemment alerté Médecins du monde France sur son compte Twitter, pointant du doigt les «conditions dramatiques» dans laquelle vivent ces hommes, femmes et enfants depuis plusieurs mois.

Car il faut dire que rien n'a changé depuis des mois ici, et ce, malgré le discours de Christophe Castaner du 6 novembre dernier. Le ministre de l'Intérieur avait alors promis l'évacuation de tous les campements de migrants situés aux portes de Paris «avant la fin de l'année». Dès le lendemain, deux campements regroupant environ 1.600 migrants avaient été évacués.

Puis, plus rien. Exceptées deux ou trois tentatives de mises à l'abri, finalement annulées au dernier moment, faute de policiers disponibles pour en assurer la sécurité. Le manque de places d'hébergement disponibles ainsi que le temps long de la prise en charge des dossiers seraient la cause de la présence en masse de ces migrants à la rue.

Des mises à l'abri systématiques exigées

Une situation inextricable, selon les associations de terrain, si des «mises à l'abri» – et pas seulement des évacuations – ne sont pas opérées plus régulièrement, afin d'héberger ces personnes démunies. Et l'urgence se fait sentir de plus en plus forte, alors que les tensions sont quotidiennes, que de nombreuses rixes éclatent entre migrants et que les maraudes n'osent même s'y rendre.

«La grande mise à l’abri, promise par le ministre de l’Intérieur et les préfets, ne peut plus attendre», a quant à lui fait savoir François Dagnaud, le maire du 19e. «Nous y prenons toute notre part, et nous exigeons qu’elle prenne en compte tous les campements, toutes les personnes, sans distinction, et surtout, qu’on ne laisse pas les toxicomanes dans la nature, comme cela a été fait lors de l’évacuation de la colline du crack», a-t-il conclu.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités