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Paris : Et maintenant, que peut faire Cédric Villani ?

LREM a assuré le 29 janvier que Cédric Villani n'était plus membre du parti. [© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]

A la suite de son divorce avec La République en Marche, acté par le parti ce mercredi 30 janvier, en vue des élections municipales à Paris, le dissident Cédric Villani n'a plus désormais d'autre alternative que de prendre part à une alliance.

S'il bénéficie d'une image plutôt positive auprès des Parisiens, le mathématicien n'a jamais réllement décolé dans les sondages. Oscillant entre 15 et 12 % d'intentions de vote au fil des mois, il est crédité de son plus mauvais score (10 %) ce dimanche 26 janvier par l'institut Odoxa. Dépourvu d'un réseau d'élus solide dans la capitale et privé du soutien du parti présidentiel, Cédric Villani ne semble pas en capacité d'obtenir à lui seul plus que l'élection de quelques conseillers municipaux, voire d'un maire d'arrondissement au second tour. Un résultat insuffisant pour espérer briguer le fauteuil de maire de la capitale.

Sauf qu'en même temps que disparaissait la possibilité d'une alliance avec Benjamin Griveaux, apparaissait celle d'une autre union : la «grande coalition climat». Le principal obstacle à cette fusion avec les écologistes, évoquée depuis plusieurs semaines, était en effet jusqu'à présent l'appartenance de Cédric Villani à LREM.

«Un pas important» vers la «grande coalition climat» ?

La rupture avec Emmanuel Macron est ainsi «un pas important» dont s'est réjoui David Belliard, le candidat EELV à Paris, ce lundi matin sur Public Sénat, qui s'est «félicité que [Cédric Villani] ait choisi la coallition climat plutôt qu'un ordre ou qu'une injonction du président de la République». Toutefois l'écologiste «demande de la clarté sur les intentions, les projet et les valeurs» des candidats à une éventuelle alliance.

Même son de cloche chez Yannick Jadot, le leader d'EELV, qui a loué sur France 2 la «démarche de courage» et «les convictions» de Cédric Villani, mais a appelé à «mettre du contenu» afin de «faire une offre» concrète aux électeurs parisiens. Il a complété en disant «espérer que ce sera David Belliard qui portera cette coalition».

Pour autant, si les têtes pensantes des Verts envisagent cette alliance avec Cédric Villani, rien ne dit que les électeurs parisiens la voient d'un si bon œil. En effet, à l'Assemblée ou dans les médias, certains actes du député de l'Essonne ont été peu compatibles avec ce mariage : il n’a pas voté contre le Ceta, a eu une position polémique sur le glyphosate et a soutenu la loi asile et immigration. A tel point que David Belliard s'est présenté à un moment comme «l'anti-Villani», tandis que Julien Bayou, le secrétaire national d'EELV, s'est vivement opposé à une telle entente.

D'ailleurs, l'idée d'une alliance au deuxième tour avec une autre liste que celle d'Anne Hidalgo est rejetée par les électeurs de David Belliard interrogés lors du dernier sondage Odoxa. Cette solution ne séduit que 20 % d'entre eux, alors que leur priorité est au contraire de rallier Anne Hidalgo (42 %), voire de maintenir une liste EELV (38%). «L’hypothèse d’une fusion Belliard-Villani surprendrait probablement beaucoup les Parisiens et aurait sans doute du mal à avoir une traduction électorale favorable», anticipe ainsi Gaël Sliman, président d’Odoxa.

«Cela dépend des militants, certains préfèrent qu'on y aille seul, certains veulent Anne Hidalgo, d'autres Cédric Villani ou encore Danielle Simonnet», admet-on dans l'entourage de Cédric Belliard. Dans tous les cas, les adhérents parisiens seront invités à se prononcer avec un vote lors de l'entre-deux-tours.

Une alliance incohérente ?

Une divergence qui rassure dans les rangs d'Anne Hidalgo. L'un des porte-paroles de la maire sortante, Ian Brossat, affirme «ne pas être inquiet» face à cette hypothétique alliance, car «ce ne serait pas cohérent». Selon lui, «les écologistes dirigent Paris avec les forces de gauche depuis 2001. Ils ont voté tous les budgets et ont contribué à de nombreuses avancées. Donc leurs propres électeurs ne comprendraient pas qu'ils changent d’alliés».

D'habitude prolixe, l'équipe de Cédric Villani s'est désormais murée dans le silence. Le candidat a même annulé son programme de ce lundi après-midi, des rencontres avec des association des 9e et 12e, ainsi que d'assister aux vœux de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris. Seule est maintenue la réunion publique à 19h30 dans le 11e. Ce qui n'empêche pas son entourage, cité dans Le Monde, de croire que le mathématicien peut encore devenir maire de Paris grâce à sa bonne image, en rassemblant au-delà des partis. Bref, tuer le père pour mieux l'imiter ?

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