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Pourquoi des rues de Paris et de sa banlieue sont-elles jonchées de poubelles ?

L'adjoint chargé de la propreté à Paris a fait part de son inquiétude ce mardi matin. L'adjoint chargé de la propreté à Paris a fait part de son inquiétude ce mardi matin. [© Capture d'écran/ Twitter]

Des tas de déchets sont visibles dans les rues de plusieurs arrondissements de Paris, ainsi que dans plusieurs villes voisines. Une situation qui dure depuis le 23 janvier et l'arrêt de trois incinérateurs de la région, qui perturbe largement le ramassage des poubelles.

Les éboueurs et les agents publics chargés du ramassage et du traitement des ordures ménagère de la région sont en effet 60 % (selon la CGT) à faire grève contre la réforme des retraites depuis dix jours. Et 6 des 7 fours qui permettent habituellement de les brûler sont à l'arrêt, selon le Syctom, le Syndicat qui s'occupe du traitement des ordures ménagères pour 85 communes (dont Paris) représentant 6 millions de personnes.

Et même si un service minimum a été mis en place à la demande de la préfecture de police de Paris via des prestataires de service privés, la reconduction de l’arrêt des sites d’Ivry-sur-Seine (94), d'Issy-les-Moulineaux (92) et de Saint-Ouen (93) a été à nouveau votée ce lundi 3 février. Pire encore, les grévistes – réunis en assemblées générales – ont même décidé de poursuivre leur action au moins jusqu'à vendredi 7 février au soir.

Un «embouteillage» à l'entrée des centres

Entamé le 23 janvier dernier, ce mouvement a créé un «immense embouteillage dans les centres de traitement durant le week-end», explique Paul Simondon, l'adjoint parisien chargé de la propreté, qui confie que ce blocage a entraîné «un grand retard dans la collecte» des 3.000 tonnes de déchets produits tous les jours à Paris.

«C'est une contrainte importante dans l'organisation de nos équipes», assure l'élu, alors que certaines bennes à ordures doivent traverser tout Paris pour se retrouver aux portes de la capitale, à l'entrée d'un centre de traitement de déchets saturé, «où il y a parfois une à deux heures de queue».

Un désastre écologique selon l'adjoint, alors que la plupart de ces déchets ont dû être enfouis dans une quinzaine de centres franciliens, faute de pouvoir être incénérés. «Ecologiquement, ce n'est pas du tout acceptable. Il faut absolumement que l'on arrive à les retirer de là», tempête-t-il. 

L'INCINÉRATEUR D'ISSY va bientôt ROUVRIR

Et la sortie de crise pourrait bien se trouver à Issy-les-Moulineaux (92), où l'incinérateur des déchets devrait rouvrir, selon le Syctom, «mercredi soir ou jeudi matin», à la demande du préfet de police de Paris. Ce dernier a en effet acté la «réquisiton des personnels compétents jusqu'au 7 février inclus» et ce, afin d'assurer la gestion des déchets sur les trois sites parisiens de traitement et la reprise de l'incinération à Issy.

Une bonne nouvelle pour Paul Simondon, qui assure que «si tous les incinérateurs sont pleinement accessibles, il est possible de rattraper le retard en quelques jours». En prévision, la municipalité parisienne a d'ailleurs mobilisé 40 bennes ce mardi 4 février et toute la nuit jusqu'au lendemain 5 février, en espérant que la situation se fluidifie.

Mais si le site d'Issy-les-Moulineaux est d'ores et déjà prêt à débuter les opérations de démarrage dès ce mardi 4 février, il faudra tout de même «compter près de deux jours pour le remettre en fonctionnement», selon Julien Lambert, de la CGT Énergie. Il sera donc effectif «d'ici à jeudi matin», permettant alors de brûler 1.800 tonnes de déchets par jour, sur les 6.000 collectés en Ile-de-France.

Le blocage continue pour autant

Une autre contrainte pourrait également ternir le tableau, puisque l'incinérateur de Saint-Ouen (93) – jusque là resté ouvert – est désormais bloqué. «On met un maximum de renfort pour reussir à rattraper le retard, mais si dans le même temps, le site de Saint-Ouen (93) [qui permettait le traitement de 500 tonnes de déchets par jour, ndlr] n'est plus disponible, on ne va pas s'en sortir», redoute Paul Simondon, qui souligne que la municipalité n'a «aucune visibilité» à long terme.

En attendant, les syndicats – qui mettent en avant la pénibilité de leur travail et les statistiques concernant la faible espérance de vie des éboueurs – assurent qu'ils n'ont obtenu aucune réponse de l'Etat, concernant la prise en compte de la pénibilité de leur tâche. Ensemble, ils ont donc prévu d'organiser une grosse action, ce jeudi 6 février.

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