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Paris : et maintenant, que va-t-il se passer après le retrait de Benjamin Griveaux ?

Le renoncement de Benjamin Griveaux bouscule profondément la campagne. [AFP]

L'abandon de Benjamin Griveaux après la divulgation de vidéos intimes, ce jeudi 13 février, est une déflagration dans la campagne municipale à Paris, qui va avoir des répercussions profondes dans cette élection dont le premier tour a lieu dans un mois seulement, le 15 mars.

Cette décision, prise en quelques heures, vient en effet souffler les fragiles certitudes qui avaient mis bien longtemps à se mettre en place dans cette campagne décidément pas comme les autres. Premiers concernés : les Marcheurs, qui perdent leur candidat dans le sprint final du scrutin. Et si Stanislas Guérini, le délégué général du parti, a annoncé ce matin «réunir dans les prochaines heures les cadres de LREM pour réfléchir à la meilleure proposition», remplacer Benjamin Griveaux s'annonce très compliqué.

Difficile d'imaginer un poids lourd de la macronie se jeter dans l'arène alors que la bataille semble bien mal embarquée depuis plusieurs semaines. D'autant que ceux qui étaient pressentis dernièrement, Edouard Phillipe et Agnès Buzyn, ont tourné la page. Le Premier ministre s'est déclaré candidat au Havre, tandis que la ministre de la Santé a annoncé officiellement ce jeudi 13 février qu'elle ne participerait pas à la campagne parisienne, afin de se concentrer sur la crise du coronavirus. Seule Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat et présente sur la liste LREM dans le 14e arrondissement, pourrait reprendre le flambeau.

Un remplaçant à l'intérieur de l'équipe de campagne ?

Il y a aussi des hypothèses à l'intérieur de l'équipe de campagne, comme Pacome Rupin, député de Paris, ancien directeur de campagne de Benjamin Griveaux et tête de liste dans l'arrondissement Paris Centre.

Deux autres têtes de liste expérimentées, Florence Berthout (maire sortante du 5e) et Delphine Burkli (maire sortante du 9e) pourraient aussi être des recours. Mais elles présentent l'inconvénient de venir des rangs de la droite. Enfin, Pierre-Yves Bournazel, candidat qui avait rallié Benjamin Griveaux il y a quelques semaines, a peut-être une carte à jouer. Ce député du 18e arrondissement a quitté les Républicains pour fonder un groupe macron-compatible, et avait même sollicité l'étiquette LREM lors des dernières législatives, obtenant le soutien d'Edouard Philippe. Mais ces éventuels remplaçants ne semblent avoir ni la force de Benjamin Griveaux pour rassembler une équipe hétéroclite (anciens socialistes, centristes et Républicains), ni son aura médiatique, ni sa proximité avec Emmanuel Macron.

Par dépit, le parti présidentiel pourrait donc opter pour une alliance, ou a minima un soutien plus ou moins discret. Un retour en grâce du dissident Cédric Villani semble exclu, tant la déchirure paraît profonde. Un engagement en faveur de Rachida Dati serait dangereux pour LREM au niveau national, les Républicains faisant encore planer une menace sur l'hégémonie du parti macroniste. Reste donc l'hypothèse Anne Hidalgo, murmurée depuis de longs mois par certains conseillers du président. Malgré l'inimitié entre Emmanuel Macron et la maire de Paris, une telle stratégie aurait pour mérite d'esquiver la défaite annoncée dans la capitale, tout en évitant de renforcer un concurrent direct dans la course à la présidentielle de 2022.

Anne Hidalgo menacée par ricochet ?

Pour autant, le retrait de Benjamin Griveaux remet aussi en question le statut de favorite de la maire sortante. Il libère en effet de l'espace sur la droite de l'échiquier politique, laissant la voie libre à Rachida Dati pour conquérir de nouveaux électeurs. Déjà surprenante deuxième dans les sondages, la candidate LR – qui a décrété le silence radio - pourrait ainsi être en position de remettre en cause l'avance d'Anne Hidalgo. De plus, l'alliance avec les écologistes devenant d'autant plus indispensable pour l'élue de gauche, celle-ci va devoir « payer plus cher » lors des négociations à venir.

Un scénario catastrophe auquel on ne veut pas croire dans l'entourage d'Anne Hidalgo : «Rachida Dati est très clivante». Sous-entendu : il ne faut pas se contenter d'ajouter mécaniquement les intentions de vote en faveur de Benjamin Griveaux aux siennes. Et la montée en puissance de sa rivale pourrait même «créer du vote utile à gauche», anticipe ce proche de la maire de Paris.

La candidate à sa réelection risque tout de même de devoir changer de stratégie, en «bipolarisant la campagne pour installer le match face à Rachida Dati, entre deux visions opposées de la ville». Un retour du clivage gauche-droite qui aurait aussi pour avantage de sortir du jeu David Belliard (EELV) et Cédric Villani. Reste qu'avant d'installer un duel, mieux vaut être sûr de le gagner.

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