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Paris : la candidature d'Agnès Buzyn va-t-elle changer la campagne ?

Anne Hidalgo actuellement favorite dans les sondages, pourrait être menacée par l'arrivée d'Agnès Buzyn. [© Lucas Barioulet / AFP]

L'arrivée d'Agnès Buzyn en remplacement de Benjamin Griveaux pour mener la campagne LREM à Paris est un nouveau rebondissement dans une élection municipale qui en avait déjà connu plusieurs. Au point qu'il devient difficile d'imaginer ce qu'il va se passer les 15 et 22 mars prochain.

Si l'on ne sait pas exactement qui est à l'origine de sa décision («elle avait envie d'y aller» d'après les uns, «un appel d'Emmanuel Macron l'a convaincu» selon les autres), une chose est sûr : Agnès Buzyn «y va pour gagner». Un optimisme – au moins de façade – qui déteint sur les troupes macronistes, si bien que nombre de cadres et de militants se remettent à y croire, après les dernières semaines très moroses. L'ancienne ministre de la Santé débarque en effet après plusieurs mois de chute ininterrompue dans les sondages du candidat LREM, qui avaient conduit Benjamin Griveaux depuis le piédestal de favori en mars 2018 (avec 32 % d'intentions de vote) jusqu'à une triste troisième place du podium en janvier dernier (avec 15 %).

Sur le plan du programme, pour l'instant, Agnès Buzyn n'a officiellement évoqué que ses «priorité : sécurité, propreté, apaisement et respect». Reste à savoir ce qu'elle fera du projet de son prédécesseur. Un macroniste s'avance dans Le Monde : «on va sans doute enlever des trucs qui ne collaient pas, comme le déménagement de la gare de l'Est en banlieue». Une mesure qui rejoindrait à la poubelle l'idée de l'apport de 100.000 pour acheter un logement, selon l'Express. Mais de nouvelles idées devraient vite être proposées par la nouvelle tête de liste. Selon Delphine Bürkli, maire sortante (ex-LR) du 9e arrondissement et candidate à sa réélection, Agnès Buzyn «ajoutera peut-être dans son projet davantage de solidarité, de santé, de soins : elle va vouloir imposer sa marque».

Une campagne éclair mais ardue

Dans tous les cas, l'ancienne ministre s'élance dans ce sprint d'un mois avec plusieurs boulets au pied. Elle subit déjà une pluie de critiques en raison de son départ du ministère de la Santé en pleine crise du coronavirus. D'autant que les municipales à Paris risquent d'être une première expérience agitée pour cette novice des campagnes politiques. Et même si elle était un poids lourd du gouvernement, Agnès Buzyn est relativement méconnue par les Français (36% déclarent ne pas la connaître). Sans oublier qu'elle va devoir apprendre les spécificités de la capitale en un petit mois seulement.

Et si certains se plaisent à comparer ce débarquement avec la campagne éclair de Jacques Chirac de 1977, qui l'avait mené à devenir le premier maire de Paris en à peine deux mois, celui-ci était déjà une figure politique incontournable du pays. Il avait déjà été Premier ministre, menait l'opposition nationale à la tête du RPR, et avait ainsi réussi à rassembler pas moins de 100.000 lors d'un meeting à la porte de Pantin en février 1977.

Sentant la candidate officielle déjà vacillante, l'entourage du dissident Cédric Villani a attaqué très rapidement, en évoquant «un choix incompréhensible» et en douchant l'espoir d'un retour au bercail du fils turbulent. «Il y aura des bulletins [Cédric Villani] le 15 mars», ont ainsi martelé ses proches dimanche 16 février, quelques minutes seulement après la désignation d'Agnès Buzyn. Et après une discussion téléphonique entre les deux, ce lundi 17 février, en vue «d'envisager d’éventuelles convergences», le mathématicien a continué à faire monter la pression. Il a en effet posé des conditions préalables, en particulier «des concessions majeures sur l'écologie» ainsi que «l'ouverture à un accord de second tour avec les Verts». Une idée qui s'est toutefois vue opposer une fin de non-recevoir immédiate chez les écologistes : «aucun accord n'est possible avec LREM, qui porte avec ce gouvernement une politique anti-climatique et anti-justice sociale». De quoi enferrer un peu plus Agnès Buzyn dans une situation sans issue.

Mais il n'est pas à exclure que son image publique, meilleure que celle de Benjamin Griveaux y compris avant la fuite des vidéos, ainsi que des propositions neuves, permette à Agnès Buzyn d'enfin enclencher une dynamique vertueuse. Nul doute que de nouveaux sondages devraient très rapidement indiquer les premières tendances.

En attendant, les autres adversaires d'Agnès Buzyn se veulent confiants. «Cela ne changera rien pour nous, ce sont des mouvements internes à la droite. La question est de savoir si elle prendra des voix à Rachida Dati, ou bien si elle acccélèrera le déclin de LREM», analyse-t-on dans l'entourage d'Anne Hidalgo. Même son de cloche dans celui de David Belliard (EELV) : «nous n'avons pas d'inquiétude particulière. Si LREM continue sa campagne à droite, cela ne changera pas la donne pour nous».

Et chez celle qui pourrait être menacée en premier lieu, Rachida Dati, la sérénité est aussi de rigueur. «On ne s'inquiète pas d'une montée de LREM. Sur les dernières semaines, une dynamique s'est formée, que l'on ressent sur le terrain», prêche Nelly Garnier, la directrice de campagne de la candidate LR. Cette dernière est même déterminée à profiter de la situation et bat le rappel de ses troupes. Après les divisions de la droite parisienne, dont elle est en partie responsable avec sa stratégie «avec moi ou contre moi», Rachida Dati a ainsi appelé «tous [ses] amis politiques à [la] rejoindre». Une demande d'unité qui devrait être complétée par les soutiens à venir de François Baroin et surtout de Nicolas Sarkozy. L'ancien président, qui reste une figure tutélaire du mouvement, doit assister à l'unique meeting de son ancienne ministre le 9 mars prochain. Un événement prévu salle Gaveau (8e), où la droite avait fêté sa victoire à la présidentielle de 2007.

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