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Municipales à Paris : à la conquête du pouvoir, Agnès Buzyn change de style

De ministre à candidate, Agnès Buzyn en campagne. Agnès Buzyn en campagne au pied levé. [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

De ministre à candidate, il n'y a parfois qu'un pas. En 24 heures, Agnès Buzyn a en effet dû passer de ministre de la Santé à candidate à la mairie de Paris, choisissant ainsi de quitter la stricte autorité du pouvoir à sa difficile conquête. Un défi de taille que doit relever cette femme plutôt réservée.

Et le moins que l'on puisse dire est qu'Agnès Buzyn n'a pas eu beaucoup de temps pour agir. Lundi soir, la tout juste ex-ministre essuyait encore ses larmes à la sortie du ministère, quand dès mardi, elle était aperçue tout sourire dans les rues du 5e où elle vit, bras dessus, bras dessous, avec la maire de l'arrondissement Florence Berthout.

Passant ainsi des larmes au rire, et envoyée selon certains au casse-pipe après le départ précipité de son prédécesseur Benjamin Griveaux, la candidate LREM doit désormais mener une «campagne éclair» et séduire un électorat loin d'être acquis à sa cause.

Fini donc le chignon strict, Agnès Buzyn s'affiche sûre d'elle, conquérante, les cheveux au vent. Sur les photos officielles réalisées en urgence, elle apparaît même à la tête de son armée de têtes de liste, tous prêts à en découdre.

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Un changement d'image

«En étant ministre, il y a un devoir de réserve à respecter, on n'est pas maître à bord, on fait partie d'un gouvernement. La conduite des affaires nécessite de la gravité et du sérieux. En termes de posture, ce n'est pas la même image», souligne Cécile Delozier, consultante en communication et fondatrice de Charisma.

«Il y a un changement de style et de personnalité assez rapide effectivement», remarque lui aussi Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, qui affirme qu'il y a une vraie «communication de rupture avec celle de Benjamin Griveaux».

Selon cet expert en stratégie d'influence, «Agnès Buzyn est sortie de la communication tambour de son prédecesseur», avec un «style beaucoup plus quotidien, terre à terre, bienveillant et gentil».

partir à la conquête

«Quand on se lance à la conquête de la plus belle ville du monde, il faut l'incarner», explique Cécile Delozier, qui assure qu'être un leader n'étant pas sa «nature profonde», Agnès Buzyn doit désormais «représenter une force d'entraînement, avec la nécessité de s'engager, de se mettre en avant».

Autant de raisons qui expliqueraient le changement de style d'ores et déjà opéré par la candidate macronienne, lors de ces dernières apparitions publiques. Et force est de constater que la méthode est efficace puisque l'ancienne ministre est jugée par tous, y compris les médias, «sympathique», «chaleureuse» et «bienveillante».

«On peut aussi penser qu’elle s’aligne sur la campagne souriante de Dati», argumente Philippe Moreau-Chevrolet, déduisant qu'elle pourrait ainsi prétendre à «capter une partie de l'électorat de droite», tout en misant sur «le ralliement» plus à gauche de Cédric Villani et de Gaspard Gantzer.

Pas sûr pour autant que tout cela suffise, pour contrer les méfaits d'une entrée en campagne particulièrement tardive. La «Dame de cœur» d'Emmanuel Macron – comme le souligne Cécile Delozier – n'a que quatre semaines pour rattraper son retard et espérer faire mieux que les 19 % qui lui sont crédités.

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