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Un trafic de cannabis et migrants vietnamiens démantelé dans Loiret

[ANGELA WEISS / AFP]

C'est la rencontre inhabituelle de deux trafics, qui se nourrissaient l'un l'autre. Pour finir de payer leur passage en Grande-Bretagne, des migrants vietnamiens étaient utilisés comme jardiniers dans une culture de cannabis du Loiret à la main d'un caïd de banlieue.

Initialement, les enquêteurs de l'Ocriest (Office central pour la répression de l'immigration irrégulière) étaient sur la piste d'un réseau de passeurs de clandestins venus du Vietnam, transitant par l'Allemagne et la France, avec le Royaume-Uni pour destination finale.

Le voyage clandestin depuis le Vietnam coûtant 20 à 40.000 euros, les migrants étaient obligés de payer en plusieurs fois, et pouvaient stationner quelques mois dans un pays de transit comme l'Allemagne ou la France, le temps de réunir l'argent. Habituellement, dans ce genre de cas, pour qu'ils paient leur périple, les passeurs font travailler les migrants dans des restaurants, dans des salons de beauté ou dans la culture de cannabis.

Grâce à un renseignement, les policiers vont surveiller trois Vietnamiens utilisés comme jardiniers dans une habitation du Loiret utilisée comme ferme de production de cannabis. Deux bâtisses un peu isolées étaient utilisées, l'une pour loger les migrants, l'autre pour cultiver en intérieur les plants illégaux. Grâce notamment aux factures d'eau, passées de 40 m3 à 800 m3, les enquêteurs ont acquis la certitude que la production a duré un an et demi, avec plusieurs récoltes par an, à raison de 1.500 à 2.000 pieds chacune.

Jusque là, l'affaire est classique pour l'Office. Mais cette fois, l'employeur des migrants ne fait pas partie du réseau d'immigration illégale. Âgé de 29 ans, bien connu de la police pour des affaires de trafic de stupéfiant, l'homme évolue dans le Val-de-Marne et l'Essonne. C'est un habitué des allers-retours en Belgique, aux Pays-Bas, au Maroc pour ses «affaires». Et c'est en toute connaissance de cause que les passeurs lui ont fourni de la main d'oeuvre peu chère et silencieuse, chacun y trouvant son compte.

«L'enquête a commencé il y a un an et demi, explique à CNEWS Jean Arvieu, chef adjoint de l'Ocriest. Elle nous a permis de mettre en exergue des liens qui émergent maintenant entre les réseaux criminels : ici entre la petite et moyenne délinquance locale pour la production de cannabis et un réseau international d'immigration.»

Quand il est interpellé mardi dernier, le trafiquant de cannabis est avec un complice, qu'il utilise comme prête-nom dans ses combines. Dans leur coup de filet, les enquêteurs arrêtent aussi un homme de 65 ans, inconnu de la police, retraité à la santé fragile qui vit d'une solde de 1 000 euros. L'individu vit sur place, dans la ferme, sa compagne étant la propriétaire des lieux qu'elle loue au trafiquant de stups. Tout ce petit monde étant parfaitement au courant des activités illégales s'y déroulant.

Affaire dans l'affaire, il apparaît que le retraité détournait une partie du cannabis pour l'écouler à son bénéfice, avec l'aide de sa fille et de son gendre, en arnaquant le dealer-chef du réseau.

Au total, sous la direction de la juridiction inter-régionale spécialisée de Paris (JIRS), les agents de l'Ocriest ont procédé à huit interpellations, toutes suivies de mises en examen, notamment pour association de malfaiteurs, participation à la production et à la détention de stupéfiants, aide à l'entrée et au séjour illégal de migrants. Le trafiquant de drogue et sa compagne ont été placés en détention provisoire. Les deux maisons ont été saisies. L'enquête se poursuit sur le volet immigration.

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